Au printemps 2015, nous présentions une initiative pilotée par les professeures Sara Saunders et Hiba Zafran, de l’École de physiothérapie et d’ergothérapie de l’Université McGill, qui supervisaient des étudiants à la maîtrise effectuant des évaluations de milieux de travail sur le campus mcgillois. La première cohorte ayant conclu sa participation, nous nous intéressons à l’impact de l’initiative sur l’un des milieux visités et au point de vue des étudiants participants.

Group
Jo-Ann Bader, Caroline Therien et Janel Daniel

Des changements à la plateforme d’histologie du Centre de recherche sur le cancer Goodman

Au cours d’une journée de travail habituelle, Jo-Ann Bader et ses collègues de la plateforme d’histologie du Centre de recherche sur le cancer Goodman préparent des lames histologiques pendant des heures pour leurs clients. Toujours assis dans la même position – au bout de leur siège et penchés vers l’avant –, ils se concentrent sur leur tâche et, sans s’en rendre compte, passent de longues heures le dos courbé.

Souffrant à divers degrés de douleurs au dos, au cou et aux épaules, Jo-Ann et ses collègues savaient que leur travail était en cause, sans toutefois savoir comment résoudre le problème. Lorsqu’un collègue leur a parlé du programme d’évaluation ergonomique, ils ont sauté sur l’occasion.

Lors de leur première rencontre avec les employés du laboratoire, les étudiants de l’École de physiothérapie et Stretching Poster McGill Disability Management Summer 2015d’ergothérapie ont abordé leur emploi du temps habituel et les douleurs dont ils souffraient. Ils ont discuté des priorités et des préoccupations de chacun. « Ce serait génial de trouver une solution pour arrêter d’avoir mal constamment, explique Jo-Ann. Après tant d’années, ça devient pénible! »

Après la rencontre initiale, quatre étudiants se sont rendus au laboratoire plusieurs jours durant pour observer et filmer Jo-Ann et ses collègues au travail, en prenant soin de ne pas gêner leurs activités.

Les étudiants ont ensuite présenté à l’équipe un rapport contenant diverses recommandations et propositions de lectures. Ils ont également créé une affiche illustrant des étirements à faire chaque jour. « L’affiche donne plusieurs exemples d’étirements que nous mettons en pratique, parce qu’ils ciblent bien les douleurs dont nous souffrons, affirme Jo-Ann. Les habitudes sont tenaces, mais grâce à cette affiche, et en nous encourageant mutuellement, nous parvenons à les changer et sentons une amélioration! Nous sommes très reconnaissants de cette expérience, et je crois que les étudiants ont aussi bénéficié du contact avec un environnement de travail différent. »

 

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Les étudiants de l’École de physiothérapie et d’ergothérapie racontent leur expérience

En attendant que soit acceptée leur proposition de conférence devant d’autres étudiants en ergothérapie au congrès de l’Association canadienne des ergothérapeutes, à Banff, en Alberta, Bengisu Gonul, Virginia Kenyon, Alexander Masser et Ashlea Watkin, quatre des étudiants ayant participé à l’initiative, nous parlent de leur expérience.
Quelle impression générale retenez-vous de votre expérience?
Ashlea Watkin (AW) : Nous sommes très fiers d’avoir engendré un changement aussi près de nous, dans notre milieu, celui de l’Université McGill.
Bengisu Gonul (BG) : C’est bien d’avoir pu intervenir et aider concrètement, dans un contexte où les besoins étaient déjà établis. Le projet nous laissait beaucoup d’autonomie, ce qui nous a permis d’apprendre énormément.
Virginia Kenyon (VK) : Je crois que le projet a ouvert des portes à l’ergothérapie dans la communauté mcgilloise, et j’ai trouvé très gratifiant de pouvoir promouvoir l’ergothérapie ici à l’Université.
AW : C’était une excellente occasion de promouvoir notre profession, particulièrement dans un domaine où les applications vont au-delà de l’ergonomie. Nous avons pu illustrer l’approche holistique en ergothérapie, qui comprend la santé mentale et le bien-être. Ces questions se sont imposées avec tous nos clients au cours de l’été – ils étaient ravis d’en apprendre davantage sur cet aspect.
Alexander Masser (AM) : Cette expérience a été une excellente occasion d’apprentissage pour nous et nos clients. Nous avons appris concrètement comment évaluer et aider les gens dans un milieu de travail, en plus de comprendre le rôle multiple et holistique de l’ergothérapeute dans ce type de milieu. Nos clients ont beaucoup appris sur le maintien de la santé et la prévention des blessures dans leur vie professionnelle, tout en prenant conscience de l’existence et de l’utilité de l’ergothérapie au travail.
Durant la première semaine du projet, les étudiants ont fait des recherches pour rassembler des ressources avant de commencer à visiter les milieux de travail sur le campus et à évaluer leurs clients.
Ils ont adapté ce coffre à outils à chacun des milieux évalués, fournissant à chaque équipe de la documentation et des recommandations différentes. Afin de répondre aux besoins cernés dans l’évaluation, ils ont notamment proposé des affiches illustrant divers exercices, des conseils pratiques dans le cadre d’ateliers interactifs et de groupes de discussion, des documents d’information et des ajustements physiques sur le lieu de travail.
Parlez-nous un peu de vos activités durant ce stage dans un rôle émergent.
BG : Nos clients étaient ouverts et enthousiastes à l’idée d’apprendre et d’appliquer nos recommandations à leurs tâches quotidiennes. Ils s’intéressaient au portrait d’ensemble de la situation. Tous nos clients ont beaucoup appris et étaient très reconnaissants de nos efforts. Je crois que nous avons réussi à faire passer notre message au sujet des possibilités liées au bien-être au travail. Malgré certaines réticences au début, le raisonnement a finalement été bien compris.
AW : Nous avons essayé d’offrir des outils de promotion de la santé axés sur la prévention. Je crois que nos clients ne s’attendaient qu’à des ajustements physiques et ergonomiques, mais nous avons également pu discuter de santé mentale et de bien-être au travail – c’était très important et très enrichissant pour nous.
BG : Nous ne nous attendions pas à ressentir une telle gratification lorsque nos clients ont pris conscience de l’importance de la santé mentale et du bien-être au travail. Cette dimension n’est pas toujours évidente pour les clients et c’était très agréable de les voir comprendre le lien entre leur bien-être et leur environnement de travail.
AM : Ce stage offrait un bon équilibre entre le travail autonome et une supervision essentielle de la part de nos professeures. Nos superviseures ont toutes les deux partagé avec nous leur incroyable bagage de connaissances, tout en nous permettant d’intégrer de véritables milieux afin de réfléchir par nous-mêmes.
Recommanderiez-vous ce stage à d’autres étudiants?
VK : Oui, absolument. Professeure Saunders et Professeure Zafran nous ont beaucoup soutenus et c’était génial de travailler avec elles. Le style d’apprentissage autonome était parfait pour nous et le projet en général était très enrichissant, notamment parce qu’il nous a permis de redonner à la communauté mcgilloise.
BG : Nous avons eu l’impression de pouvoir établir la place de notre profession au sein de la communauté mcgilloise; c’était une excellente occasion de promouvoir le rôle de l’ergothérapeute.
AW : Nous espérons que d’autres étudiants opteront pour ce stage et continueront d’aider des équipes de travail mcgilloises. C’était un stage pratique exceptionnel en promotion de la santé d’un point de vue préventif. Avec un peu de chance, notre intervention aura également des bienfaits sociétaux et financiers.
AM : Oui. Ce stage est une occasion d’apprentissage sans pareil. Je le recommanderais aux étudiants qui aiment travailler de façon autonome et plonger au cœur de l’action!
Auriez-vous un dernier commentaire en guise de conclusion?
BG : Nous tenons à souligner à quel point ce stage dans un rôle émergent a été enrichissant et déterminant, et à insister sur l’expérience fantastique que nous ont offert les projets et nos superviseures! Nous avons très bien travaillé en formant une seule grande équipe.
Trois recommandations au travail :

  1. Instaurez une culture du mouvement : trouvez des moyens d’intégrer le mouvement à votre quotidien – par exemple, marchez pour vous rendre à vos rendez-vous, ne remplissez votre bouteille d’eau qu’à moitié et prenez des pauses actives.
  2. Prenez conscience de votre corps : écoutez les signaux de votre corps et prenez-en conscience avant que la douleur ne s’installe.
  3. Ajustez votre espace de travail à vos besoins, plutôt que de vous ajuster à votre espace de travail.

Le 27 novembre 2015