Vous l’avez peut-être constaté : les femmes sont plus vulnérables que les hommes aux perturbations de leur sommeil. Elles ont d’ailleurs jusqu’à 2 fois plus de risques de souffrir d’insomnie. Existerait-il une relation entre l’horloge biologique régulant le sommeil et le fait d’être une femme ou un homme ? Oui, selon une étude inédite menée par la Dre Diane B. Boivin du département de psychiatrie de l’Université McGill et de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas.
En contrôlant le cycle menstruel et l’utilisation de contraceptifs hormonaux, la Dre Boivin montre dans la revueProceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), que l’horloge biologique affecte différemment le sommeil et l’éveil des femmes et des hommes.
« À horaire de sommeil comparable, nous observons que l’horloge biologique des femmes les porte à s’endormir et à se réveiller plus tôt que les hommes. La raison est simple : leur horloge biologique est décalée sur un fuseau horaire situé plus à l’Est », dit la directrice du Centre d’étude et de traitement des rythmes circadiens de l’Institut Douglas, un des centres de recherche du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal.
Et de préciser : « Cette différence observée entre les sexes est essentielle pour comprendre que les femmes sont plus susceptibles d’avoir leur sommeil perturbé que les hommes. »
Pour cette étude, l’équipe de la médecin chercheuse a comparé chez 15 hommes et 11 femmes les variations du sommeil et de l’éveil régulées par l’horloge biologique. Les femmes recrutées ovulaient naturellement et ont été étudiées à deux phases de leur cycle menstruel. Ce point est essentiel, car des recherches antérieures de la Dre Boivin avaient déjà montré que la phase du cycle menstruel affecte les rythmes biologiques de la température corporelle et du sommeil.
« Nos participants n’ont pas manifesté de troubles du sommeil durant notre étude. Néanmoins, nos résultats nous aident à comprendre, entre autres, pourquoi les femmes sont plus susceptibles que les hommes de se réveiller plus tôt le matin et de se sentir fatiguées après une nuit de sommeil. La nuit, les femmes ont aussi des niveaux de vigilance plus bas que les hommes », explique la Dre Boivin.
Les femmes pourraient ainsi être moins adaptées biologiquement au travail nocturne, suggèrent en filigrane les résultats de cette étude. D’autres recherches seront nécessaires pour approfondir cette question et développer des interventions adaptées à la santé des femmes et des hommes.
Plus du tiers de la population canadienne subit des perturbations de son sommeil. Avec pour conséquence, des troubles de fonctionnement chez près de 15 % des adultes.
L’article « Diurnal and circadian variation of sleep and alertness in men versus naturally cycling women » a été publié dans la revue PNAS le 12 septembre 2016.
Le 16 septembre 2016