Photo : Owen Egan
Photo : Owen Egan

Gracieuseté du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada

Selon Rajesh Aggarwal, MBBS, MA, PhD, FRCSC, FACS, professeur adjoint de chirurgie et directeur du Centre de simulation et d’apprentissage interactif Steinberg de l’Université McGill, « les patients ne s’attendent à rien de moins que la perfection » lorsqu’ils se font soigner, et la formation par simulation peut contribuer à assurer que les professionnels de la santé atteignent ces normes élevées.

En plus de recourir à la formation par simulation pour préparer les médecins et autres professionnels de la santé à leur pratique quotidienne, un des principaux aspects de son travail à titre de directeur d’un centre de simulation consiste à élaborer des stratégies pour l’adoption et la mise en œuvre de la simulation en vue d’améliorer la sécurité des patients sur le plan systémique. Il a longuement exploré les liens entre la simulation, l’innovation et la formation, et il espère transmettre ses connaissances à un auditoire interprofessionnel d’éducateurs et de passionnés de la simulation durant le prochain Sommet de simulation qui aura lieu à St. John’s (Terre-Neuve-et-Labrador), les 14 et 15 octobre 2016.

Le conférencier a récemment rencontré l’équipe du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada et s’est livré à un entretien exclusif sur l’éveil de son intérêt pour la formation par simulation, les raisons qui l’incitent à considérer que la simulation est essentielle dans la formation médicale du XXIe siècle, et les thèmes qu’il prévoit aborder dans sa conférence plénière.

Collège royal (CR) : Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours, et de ce qui a suscité votre intérêt pour la formation par simulation?
Rajesh Aggarwal (RA) : Mon premier contact avec la simulation s’est produit en 2002 alors que j’étais résident junior à Londres (R.-U.). Nous nous débattions à l’époque avec de nouvelles directives sur le temps de travail. Cela se résumait à dire que nous ne pouvions plus travailler quand bon nous semblait et que nous devions rentrer à la maison après un quart de nuit, même s’il y avait des tâches cliniques à réaliser. J’aimais m’attarder, et même me présenter les weekends pour prêter assistance dans des cas de chirurgie. Cette nouvelle directive soulevait chez moi des inquiétudes quant à la possibilité d’acquérir toute l’expérience dont j’avais besoin pour être compétent à la fin de ma formation. Quelques semaines plus tard, je participais à un congrès national de chirurgie au R.-U. où j’ai assisté à une conférence donnée par le professeur Ara Darzi sur la formation par simulation en chirurgie laparoscopique au moyen d’appareils de réalité virtuelle. J’ai été absolument fasciné. J’ai pu organiser une rencontre avec le professeur Darzi et, l’année suivante, j’ai entrepris mon doctorat en simulation en réalité virtuelle pour la chirurgie laparoscopique à l’Imperial College à Londres.
CR : À votre avis, est-ce que la formation par simulation est cruciale à la formation des professionnels de la santé au XXIe siècle?
RA : Nos patients n’attendent de nous, comme fournisseurs de soins, rien de moins que la perfection, et nous devons nous efforcer d’utiliser tous les outils à notre disposition pour respecter cette exigence. Même si la majeure partie de la formation clinique est encore dispensée dans les milieux de soins, nous pouvons – et devons – faire mieux.

La littérature offre d’excellentes informations sur le rôle de la simulation pour la pose de cathéters centraux, la formation en équipes et la chirurgie laparoscopique, pour ne donner que quelques exemples. Cependant, ce n’est que tout récemment que ces études se sont étendues aux mandats, dont, par exemple, le programme des fondements de la chirurgie laparoscopique qui est une exigence préalable pour terminer la résidence en chirurgie aux États-Unis.

De plus, la formation par simulation nous permet de nous exercer à des procédures moins fréquentes, mais très délicates, comme dans le cas de l’hyperthermie maligne ou de la conversion d’urgence d’une chirurgie laparoscopique à une intervention ouverte, pour atteindre la compétence et maintenir le rendement. De nos jours, nos méthodes reposent plus souvent sur le travail en équipe. C’est pourquoi il importe de pratiquer ces nouveaux modèles de soins afin d’assurer une mise en œuvre impeccable.

CR : Le thème du Sommet de simulation 2016 est « Simulation extrême ».Quelle est votre interprétation de ce thème?
RA : Au Centre de simulation et d’apprentissage interactif Steinberg, nous formons des fournisseurs de soins de santé de divers milieux, y compris des membres des Forces armées canadiennes. Leurs séances de simulation sont très intenses en raison de blessés multiples qui requièrent d’urgence une attention qui pourrait leur sauver la vie. Les soldats prennent ces séances très au sérieux, puisqu’elles représentent peut-être leur seule occasion d’acquérir les compétences dont ils auront besoin pour prendre en charge un collègue grièvement blessé ou un civil pris dans des échanges de tirs. Nous sommes fiers de pouvoir leur offrir ces simulations, sachant d’autant plus que notre travail a une incidence à l’échelle mondiale.
CR : Qu’est-ce que les participants au Sommet de simulation 2016 pourront retirer de votre conférence plénière?
RA : Je pense que le point le plus important sera de réfléchir à des façons d’utiliser la simulation telle qu’elle est offerte actuellement dans les principaux centres afin d’améliorer au quotidien les soins cliniques que nous prodiguons à nos patients.

Un autre point que je souhaite présenter est la nature multidisciplinaire de la recherche en simulation à laquelle participe l’expertise non seulement du domaine de l’éducation, mais aussi de l’informatique, du génie, des résultats pour la santé, des sciences sociales et de l’économie de la santé. Je crois qu’en tirant parti du savoir et de la diversité des courants de pensée dans ces domaines, nous pourrons réfléchir à la simulation non pas uniquement comme méthode de formation des stagiaires, mais aussi comme approche dont les répercussions englobent les soins de santé dans leur ensemble, notamment l’éducation des patients, la mise au point d’appareils médicaux et la conception de nouveaux processus et milieux de soins de santé.

Le Dr Aggarwal prononcera sa conférence plénière dans le cadre du prochain Sommet de simulation, le vendredi 14 octobre 2016 à St. John’s (Terre-Neuve-et-Labrador). 
Il présidera en outre le Sommet de simulation 2017 qui aura lieu à Montréal (Québec).
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Le 14 juin 2016