En mai dernier, le Dr Watling a été chercheur invité pendant une semaine à l’IÉSS, où il a dirigé un atelier pour les stagiaires aux cycles supérieurs, participé à une table ronde sur l’avenir de la recherche en éducation des sciences de la santé et présenté les résultats de ses travaux sur la rétroaction en milieu de travail. 

Christopher J. Watling, M.D., MMEd, Ph. D., avait entre autres un motif très personnel de venir à l’Institut d’éducation en sciences de la santé (IÉSS) de McGill en mai 2023. 

« Ma mère a été la première de ma famille à étudier à l’université, et c’était à McGill », confie-t-il. 

Le Dr Watling entretient également des liens étroits avec l’IÉSS. En tant que directeur du Centre for Education Research and Innovation, vice-doyen par intérim, Mission professorale et stratégie et professeur aux départements d’oncologie et de médecine de famille de la faculté de médecine et de médecine dentaire Schulich de l’Université Western, il collabore avec des membres de l’IÉSS depuis plusieurs années. 

« McGill est privilégiée de compter sur une formidable communauté dont le travail contribue depuis des décennies à façonner les méthodes de travail dans des domaines comme la formation professorale et le professionnalisme médical », affirme-t-il. 

Les recherches du Dr Watling sur l’éducation en sciences de la santé (ÉSS) lui ont valu plusieurs récompenses, dont le Prix Duncan Graham pour contribution exceptionnelle à la formation médicale 2023 remis par le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada. 

En tant que chercheur invité à l’IÉSS du 8 au 12 mai 2023, le Dr Watling a offert un atelier sur la rédaction scientifique à la maîtrise. Il a également rencontré des doctorants et doctorantes, ainsi que des postdoctorants et postdoctorantes. Le Dr Watling s’est aussi exprimé lors d’un événement communautaire de l’IÉSS comprenant une table ronde sur l’avenir de la recherche en ÉSS, en plus de présenter ses recherches au corps professoral et à la communauté étudiante. 

« En tant que médecin, chercheur spécialiste et leader pédagogique, le Dr Watling peut éclairer la recherche sur l’éducation dans les professions de la santé sous plusieurs angles différents », explique Elizabeth Anne Kinsella, Ph. D., directrice de l’IÉSS. « Nous sommes ravis qu’il ait pu venir à l’IÉSS afin de communiquer ses connaissances et ses points de vue à nos doctorants, doctorantes, postdoctorants et postdoctorantes, de même qu’au corps professoral. » 

Examiner les obstacles à la rétroaction 

Dans le cadre de ses recherches, le Dr Watling s’intéresse aux raisons pour lesquelles la rétroaction n’a pas toujours l’effet escompté et à l’influence de la culture professionnelle, qui peut ruiner même les meilleurs plans pédagogiques. 

Selon ses constatations, la rétroaction que les apprenants et apprenantes en médecine et dans les professions de la santé perçoivent comme étant « pertinente, bien intentionnée et facile à accepter » ne serait pas très efficace pour modeler leurs méthodes. 

« Parfois, une personne considère qu’un commentaire est très dur ou néfaste pour son estime personnelle, ou qu’il exige beaucoup de réflexion, mais à long terme, cette rétroaction a des répercussions positives », ajoute-t-il. 

« Ce paradoxe m’intéressait, non seulement en raison de ma propre expérience, mais aussi parce qu’il est très difficile de donner une rétroaction ferme en médecine tout en gardant les personnes qui la reçoivent motivées à apprendre et à s’améliorer. » 

Toutefois, plutôt que de se concentrer sur les interlocuteurs, les travaux du Dr Watling braquent les projecteurs sur les contextes organisationnels et culturels entourant ces conversations.  

Le Dr Watling a étudié la rétroaction dans des domaines comme la musique ou les sports et s’est entretenu avec des professionnels de la santé ayant aussi atteint des sommets dans ces disciplines. Ensuite, il a comparé leur expérience de la rétroaction dans ces domaines à celle dans le contexte de l’enseignement en médecine et en sciences de la santé. 

« Beaucoup des personnes interrogées ont dit que la rétroaction était perçue de façon complètement différente dans un contexte non médical, explique-t-il. Il ne s’agit pas d’avoir ou non du “talent” en matière de rétroaction. C’est plutôt que les gens se sentent plus à l’aise avec la rétroaction dans cet environnement, alors qu’ils le sont moins dans un autre environnement. » 

En ÉSS, la tendance à associer la rétroaction à l’évaluation est un autre obstacle à une rétroaction efficace, selon le Dr Watling. 

« Même si le personnel enseignant a les meilleures intentions et que les étudiants et étudiantes sont extrêmement motivés, on s’interroge des deux côtés sur la signification de la conversation, affirme-t-il. L’apprenant ou l’apprenante peut se demander si la rétroaction a pour seul objectif de l’aider à s’améliorer, ou si une appréciation pourrait se retrouver dans une lettre de recommandation. » 

Pour éviter toute ambiguïté, il peut être utile de préciser que le perfectionnement est le seul objectif de la rétroaction, poursuit-il. 

Composer avec les contraintes de temps 

En tant que clinicien, chercheur et leader en ÉSS, le Dr Watling croit que le plus grand défi pour le corps enseignant en sciences de la santé est le peu de temps disponible pour intégrer les pratiques pédagogiques exemplaires dans l’environnement clinique. 

« Pour une foule de bonnes raisons, l’enseignement en médecine et dans les professions de la santé s’appuie sur le travail de personnes qui occupent déjà des emplois à temps plein en santé et qui doivent s’efforcer d’intégrer des approches pédagogiques de plus en plus exigeantes dans leurs tâches cliniques, qui ne cessent de s’accumuler », souligne le Dr Watling. 

« Je garde toujours à l’esprit qu’il y a des limites à ce que l’on peut demander aux gens, ajoute-t-il. Une grande part de l’enseignement clinique consiste à faire du mieux que nous pouvons dans le temps qui nous est alloué. » 

Récemment, alors qu’il réalisait des recherches dans une autre faculté, il a appris que l’enseignement des professions de la santé y était considéré comme « l’exemple parfait » d’une formation professionnelle qui met l’accent sur la pédagogie, ce qui l’a encouragé. 

« Nous sommes parfois durs envers nous-mêmes, à nous dire que nous devrions faire mieux, déplore-t-il. Cette attitude nous a été très bénéfique, mais il faut parfois se rappeler que la pédagogie est davantage professionnalisée dans les professions de la santé que dans bien d’autres domaines. » 

« Le fait qu’il existe dans notre milieu une branche entière consacrée à la manière dont nous formons les professionnels et professionnelles de la santé est une victoire en soi. Je crois que nous pouvons nous en féliciter. » 

L’Institut d’éducation en sciences de la santé tient à remercier le Fonds du programme de chercheuses et chercheurs invités Dr Menard M. et Anna Gertler, qui a contribué à financer le séjour du Dr Watling.