Par Abby Nichols

Mark J. Eisenberg s’excuse en jetant un coup d’œil sur les boîtes de rangement déposées sur le plancher de son bureau de l’aile d’épidémiologie et de cardiologie de l’Hôpital général juif. « Je n’ai pas tout à fait terminé d’emménager », explique-t-il. Le docteur Eisenberg a entretenu un horaire de travail qu’il qualifie lui-même d’éclectique au cours des six mois qui ont suivi son déménagement, se lançant dans une vaste gamme de responsabilités, notamment la supervision de son équipe de recherche, la rédaction d’études et son travail clinique de cardiologue interventionniste.

Dr. Mark Eisenberg

Quand il était jeune étudiant en médecine, le docteur Eisenberg – aujourd’hui professeur de médecine de l’Université McGill poursuivant ses intérêts universitaires et créatifs à titre de chercheur clinique – admet qu’il était un peu perdu, comme la plupart des jeunes au début de la vingtaine. « Je savais que j’étais intéressé par la recherche et que je voulais être médecin, mais je ne savais pas qu’on pouvait combiner les deux. Quand j’ai fait ma résidence, j’ai rencontré des gens qui y étaient parvenus, mais rien n’existait qui expliquât comment faire pour y arriver. »

Aujourd’hui, après des années d’expérience, Mark trace le chemin à suivre dans un ouvrage intitulé « The Physician Scientist’s Career Guide », rédigé au cours d’une récente sabbatique.

« L’objectif était qu’en deux soirées, vous pourriez lire cela et avoir une bonne idée de ce en quoi consiste cette avenue de carrière et ce qu’il fallait faire pour y réussir. Une lecture de quelques heures vous donnera une image plus claire de ce dont il s’agit. »

Pour illustrer son travail de chercheur, il m’a remis un exemplaire d’une étude récemment publiée sur les effets de la radiation des tests d’imagerie. Il s’agit d’un travail de collaboration entre lui et son épouse, la docteure Louise Pilote, directrice de la Division de médecine interne du Centre universitaire de santé McGill. L’étude a récolté une attention médiatique très large.


« Ce sont des épreuves », explique-t-il. « Nous faisons une recherche sur les services de santé. J’aime poser des questions en clinique, des questions fondées sur ce que j’y vois. Des questions comme : quelles sortes de patients ont besoin de subir une angioplastie? Quelle est la meilleure façon de prodiguer des soins de santé de la meilleure qualité qui soit avec le moins d’argent possible? Je suis intéressé uniquement à travailler sur ce qui améliorera les soins directs aux patients. »

Lorsqu’il était étudiant au premier cycle pour obtenir une majeure en chimie à l’Université Cornell, Mark Eisenberg se décrit lui-même comme ayant été vraiment attiré vers le quantitatif et le portrait général d’une situation. Par conséquent, au lieu d’étudier un simple organisme ou un pathogène, Mark le curieux a porté son regard vers les études épidémiologiques et a pris la route de Brookline, au Massachusetts, pour décrocher une maîtrise en santé publique à Harvard. Pendant la décennie suivante, il a poursuivi sa formation de cardiologue dans plusieurs institutions nord-américaines et a travaillé à l’étranger, en Éthiopie et en Israël, explorant d’éventuels domaines d’intérêt, notamment la recherche en laboratoire.

« Pendant mes études en médecine, j’ai pris une année de congé pour aller en Israël, et pendant que je m’y trouvais, j’ai vu le Cirque de Moscou à Tel Aviv », se rappelle-t-il, décrivant un homme faisant tourner un bâton sur lui-même et plaçant ensuite une assiette sur le dessus. L’homme a terminé son numéro avec 30 assiettes tournoyant sur elles-mêmes en même temps. « L’idée est de continuer de faire tourner les bâtons sur eux-mêmes pour que les assiettes ne tombent pas. C’est ça, ma vie. » Il se cale dans son fauteuil en souriant d’un air satisfait. « J’adore ça. »

Plutôt que de fonctionner dans un environnement purement clinique, le docteur Eisenberg a cherché à fusionner ses deux intérêts : la recherche universitaire et les soins pratiques aux patients. « J’ai finalement décidé que je préférais travailler dans un hôpital d’enseignement où se trouvent des cas intéressants et stimulants. Je voulais mener une recherche qui contribuerait aux connaissances médicales. La recherche s’est aussi traduite par un débouché créatif. » Mark Eisenberg décrit son travail comme un hybride de travail clinique et de recherche, et comme un poste dynamique qui lui permet de jouer le rôle de guérisseur et d’explorateur, d’iconoclaste et de cardiologue.

« C’est ça, être un médecin scientifique », résume-t-il. « Nous tirons notre inspiration du chevet du patient, nous concevons nos projets, recueillons nos données et les analysons, puis nous prenons les résultats et nous les appliquons aux soins au patient. Ce que nous faisons ne va pas seulement dans le sens du laboratoire au chevet du malade, mais du chevet au laboratoire, puis de retour au chevet. »