
Deux paires de jumeaux, Shreya et Megha Udupa, ainsi que Mathew et Michael Petros, étudient actuellement la médecine à McGill. Le parcours pour devenir médecin n’est pas facile. Est-ce utile de partager cette expérience avec la personne qui vous connaît le mieux?
Les études de médecine sont réputées pour être très difficiles. Est-ce que cela aide de vivre cette expérience à deux, avec la personne qui vous connaît probablement mieux que quiconque au monde?
Deux paires de jumeaux qui étudient la médecine à l’Université McGill sont actuellement en train de vérifier cette hypothèse.
Shreya et Megha Udupa sont en deuxième année, tandis que Mathew et Michael Petros sont en première année.
Les sœurs Udupa n’ont jamais passé plus de deux jours sans se voir et partagent encore aujourd’hui la même chambre. Au secondaire, elles se sont découvert une passion commune pour les sciences et le travail communautaire, et ont fait du bénévolat en soins palliatifs.
C’est au cours de leurs trajets matinaux en voiture vers le Collège Jean-de-Brébeuf, durant lesquels leur mère leur racontait son travail de physiothérapeute à l’hôpital, que les frères Petros ont commencé à envisager sérieusement une carrière en santé. Encouragés par leur école à faire du bénévolat, ils ont organisé des soirées karaoké pour les patients du service de psychiatrie de l’Hôpital Notre-Dame.
Bien que les deux frères étudient la médecine à l’Université McGill, leurs parcours ne sont pas tout à fait les mêmes. Mathew suit des cours sur le campus du centre-ville de l’Université McGill, tandis que Michael a été accepté au Campus Outaouais de McGill, à Gatineau. Lancé en 2020, ce programme entièrement en français accueille 38 étudiants et étudiantes en médecine par an et vise à renforcer le réseau de soins de santé de la région.
Michael dit qu’il apprécie la communauté très soudée de son campus. En tant que directeur exécutif d’ExploreMD, initiative visant à intéresser les jeunes étudiants et étudiantes de la région aux carrières médicales, il souhaite contribuer à améliorer l’accès aux soins de santé dans les localités éloignées.
« On nous dit toujours que comme médecins, nous avons un rôle de leaders dans la société. Je souhaite notamment œuvrer pour la qualité des soins de santé et l’accès à ces soins pour les personnes qui en ont besoin », explique-t-il.
Mathew explique que ses camarades et lui ont beaucoup d’informations à assimiler : les examens mensuels résument plus de 3 000 diapositives. « Cela peut sembler très rébarbatif, mais le contenu est vraiment intéressant, dit-il. Nous mettons en relation l’anatomie, la physiologie et les maladies, puis transposons tout cela dans un contexte clinique. » Il a sérieusement envisagé des études en génie avant de choisir la médecine et dit qu’il est attiré par l’aspect « résolution de problèmes » qu’offre le domaine médical.
Au moment de l’entrevue, les sœurs Udupa étaient dans le volet de Transition vers la pratique clinique (TPC) du programme, qui consiste en des blocs de stages de plusieurs semaines dans diverses spécialités. Elles disent que leurs professeurs les encouragent à garder l’esprit ouvert pendant qu’elles découvrent les différentes possibilités de carrière.
Les sœurs Udupa affirment que leurs études communes en médecine ont rendu bien plus faciles et agréables leurs routines matinales à 4 heures du matin et les deux heures de transport en commun nécessaires pour se rendre à l’hôpital depuis l’Ouest-de-l’Île. Leurs séances d’étude nocturnes, quant à elles, sont rythmées par une saine compétition et ponctuées par des éclats de rire.
« C’est comme avoir en permanence à ses côtés une camarade d’études que l’on connaît depuis toujours, avant même la naissance, dit Megha. Souvent, quand je suis stressée, je n’ai même pas besoin de le lui dire, elle le sait automatiquement, et vice versa. Nous sommes toujours là l’une pour l’autre; je trouve que j’ai beaucoup de chance. »
Les deux sœurs occupent des postes de direction au sein du groupe de travail MINDS (Medical Intervention in a NeuroDiverse Society), qui enseigne la prestation de soins de santé optimaux aux personnes neurodivergentes.
Elles participent également à l’initiative Immersion éducative en santé de McGill, qui vise à sensibiliser les élèves du secondaire à la profession médicale afin de les encourager à envisager une carrière dans le domaine. Megha fait partie d’une initiative similaire, le club Health Outreach Projects, tandis que Shreya est présidente du Groupe d’intérêt sur les maladies rares de l’Université McGill.
« L’une des grandes particularités des études de médecine, c’est que l’on travaille constamment vers un objectif, car il y a toujours quelque chose à faire, explique Shreya. Si nous avons un jour de congé, nous nous sentons coupables… C’est un sentiment que beaucoup de gens éprouvent, mais il est important de se dire qu’il faut toujours prendre le temps de profiter du moment présent. »
Les deux sœurs pratiquent la danse. Elles ont commencé par le bharata natyam, forme de danse classique indienne, avant de se tourner vers la danse bollywoodienne. L’importance accordée à la diversité a été l’un des facteurs déterminants dans leur choix de McGill; elles ont d’ailleurs dansé lors d’événements organisés par l’Association des étudiants indiens de l’Université McGill.
Les frères Petros, qui jouent tous deux au soccer sur leurs campus respectifs, affirment que la diversité de la population étudiante de l’Université McGill a également été un facteur important dans leur choix. Parmi leurs camarades de classe figurent des parents dans la quarantaine, d’anciens militaires ainsi que de récents diplômés du cégep.
Les frères soulignent également avoir été séduits par les projets de recherche offerts par leur faculté, ainsi que par les occasions d’en apprendre plus sur des domaines spécialisés. Michael s’est récemment familiarisé avec une nouvelle technique chirurgicale pour les nodules thyroïdiens, tandis que Mathew travaille sur un projet collaboratif portant sur les mutations génétiques associées aux microcarcinomes de la thyroïde.
« Dans le milieu médical, il est très important de donner au suivant, explique Mathew. Les médecins enseignent aux étudiants et étudiantes, qui enseignent à leur tour à d’autres personnes étudiantes, et ainsi de suite. »
Aucun des quatre jumeaux n’a encore choisi de spécialisation professionnelle. Mathew trouve que les interactions avec les patients sont « enrichissantes et agréables », et envisage de se spécialiser en oto-rhino-laryngologie. Michael, qui se décrit comme un accro à l’adrénaline et a acquis une grande dextérité grâce à la pratique du violon, envisage la chirurgie générale.
Pour leur part, les sœurs Udupa disent qu’elles découvrent sans cesse de nouveaux centres d’intérêt et se voient travailler dans le domaine médical et clinique pour tisser des liens avec les patients. « Le meilleur aspect des études en médecine, c’est non seulement de découvrir la spécialité qui nous passionne, mais aussi d’apprendre à mieux se connaître et à réfléchir à la manière dont on souhaite redonner à son entourage », affirme Shreya.