Le Campus Outaouais de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université McGill a récemment été nommé Projet de l’année et reçu un prix d’innovation dans le cadre du concours Élixir, de PMI-Montréal, qui récompense le meilleur de la gestion de projet au Québec. Nous nous sommes entretenus avec le Dr Gilles Brousseau, doyen associé et directeur du Campus Outaouais, et Michel Leblanc, directeur de projet sénior, au sujet de ces honneurs et de l’importance du projet pour eux, pour McGill et pour l’Outaouais.

Le Campus Outaouais de McGill a été nommé Projet de l’année; comment décririez-vous votre réaction?

Gilles Brousseau: Fiers et honorés. Nous partageons ces deux prix avec nos partenaires et l’ensemble des équipes qui ont participé à son succès. Nous avons atteint notre objectif de créer un campus pour et par les gens de la région. À l’aide des ressources locales, tant pour la construction des locaux que pour l’implantation du programme en médecine, nous avons réalisé la délocalisation de la formation médicale en Outaouais. McGill offre maintenant un programme identique et cohérent dans deux langues et sur deux campus.

Malgré l’arrêt temporaire de la construction en raison de la pandémie et la pénurie de ressources, nous avons respecté l’échéancier et le budget. Les premières cohortes de l’année préparatoire en médecine de l’Université McGill à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) et du programme d’études médicales de premier cycle de McGill en Outaouais ont commencé leurs études comme prévu en août 2020. Cela confirme que le campus, c’est bien plus que du béton : c’est un projet d’équipes et de ressources humaines prêtes à relever des défis et à appliquer les meilleures pratiques en gestion de projet, en enseignement et en soins à la population.

Quelle est la principale qualité qui vous a permis d’exceller dans la gestion de ce projet? 

Michel Leblanc: Tout d’abord, le projet connaît un tel succès principalement de par la volonté, la passion et l’énergie de l’ensemble des équipes qui y ont contribué. Sur le plan de la gestion de projet, des aptitudes de rassembleur ont été importantes pour impliquer et dynamiser les différents acteurs, notamment ceux de deux ministères, deux universités et des établissements de santé en Outaouais. Pour mener à terme ce projet, nous avons rallié les parties prenantes, les professionnels et l’entrepreneur.

 

Le Campus Outaouais est également lauréat du prix Palmarès des projets, qui salue son caractère innovateur. Pourriez-vous citer quelques exemples d’innovations qui ont été mises en place?

ML: Au niveau de la construction, il fallait éviter de nuire à la clientèle et au personnel de l’urgence de l’hôpital de Gatineau, au-dessus de laquelle on construisait deux étages. À titre d’exemple, l’équipe de projet devait analyser différentes solutions pour drainer 62 lavabos sans percer 62 trous dans le plafond de l’urgence en service. La solution retenue, une vidange par succion, unique au Canada en établissement de santé, avec une seule perforation au lieu de 62, est très novatrice, économique, silencieuse et fonctionnelle, surtout dans un contexte où le lavage des mains prend toute son importance.

GB: Au niveau académique et administratif, une autre innovation a été la création d’un outil unique de gestion de projet alimenté par nos équipes et offrant des tableaux de bord en temps réel. Cela nous a permis de planifier, gérer et partager les tâches, de coordonner et prioriser les travaux de francisation, pour ensuite rendre le matériel accessible et surtout faciliter le recrutement local des ressources académiques et administratives.

Pourriez-vous décrire certains défis auxquels vous avez été confrontés au cours du projet?

GB: La pénurie de ressources et la pandémie ont bien sûr complexifié un projet qui représentait plusieurs défis de taille, dont la mise en place de deux programmes d’études entièrement en français qui sont identiques et offrent le même niveau d’excellence que ceux donnés au campus de Montréal. Nous remercions l’UQO pour leur collaboration précieuse dans le contexte du lancement des programmes en août 2020, en pleine pandémie. Parmi les autres grands défis qui ont été relevés figurent l’ajout de deux étages au-dessus d’une urgence en service en minimisant les dérangements, et le recrutement de plus de 300 cliniciens enseignants de la région.

Quels seront les effets de ce projet sur la population en Outaouais?

GB: Le Campus Outaouais est un héritage important pour la population de l’Outaouais. Il s’agit d’un partenariat durable entre les universités, l’UQO et McGill, et les milieux cliniques. Ce campus vise à recruter et à maintenir, dans une région ayant de grands besoins, des professionnels en soins de santé et à contribuer à l’excellence. C’est un des catalyseurs du centre hospitalier affilié universitaire qui est en planification et un jalon rassembleur pour l’ensemble des professionnels impliqués. L’augmentation du nombre d’apprenants de McGill dans la région et du nombre de médecins de famille formés ici apporte des ressources médicales additionnelles. La formation étant interprofessionnelle, elle facilite l’attraction et la rétention d’effectifs de différentes professions de la santé. C’est un pôle d’attraction important et sans précédent.

Qu’apporte le Campus Outaouais à McGill?

GB: Le Campus Outaouais est un projet phare pour l’Université McGill. Il permet à l’Université d’augmenter la formation en français au service de la population de l’Outaouais. La délocalisation de la formation médicale en français rend le matériel accessible à tous les étudiants de la Faculté de médecine et des sciences de la santé. McGill accroît ainsi son rayonnement en Outaouais, où elle est présente depuis près de 35 ans et poursuit aujourd’hui une tradition de responsabilité sociale qui lui est chère. La formation médicale en région positionne l’Université, rend pérenne le soutien académique, bonifie l’offre de services et intensifie les liens avec les régions.

Qui souhaitez-vous remercier pour le succès de ce projet et les prix obtenus?

GB: Nous partageons ces deux prix prestigieux avec nos partenaires, collaborateurs et équipes de travail. Merci aux Prs Imed Gallouzi et Gabriel Venne de McGill pour leur soutien à l’implantation de l’année préparatoire en médecine en collaboration avec l’UQO. Merci au Bureau des études médicales de premier cycle de la Faculté de médecine et des sciences de la santé pour l’aide à la délocalisation du programme en médecine, entre autres la Dre Beth Cummings, la Dre Mélanie Mondou et les collègues de l’équipe académique, de même qu’à l’équipe administrative de Mme Catherine Millar, directrice associée à l’École de médecine. Un merci spécial au Dr David Eidelman, au Dr Sam Benaroya et à l’équipe de direction de la Faculté, qui ont assuré un soutien indéfectible à ce projet.

ML: Merci à Provencher-Roy, dirigé par Claude Bourbeau et son équipe pour l’excellent dossier d’opportunité et la conception du plan fonctionnel et technique. Merci à Yelle-Maillé-Lapalme-Rheault, Architectes en consortium, principalement Gilles Maillé, Stéphane Lalancette et Yan Labelle pour la réalisation des plans de construction alliant une architecture exceptionnelle et très fonctionnelle. Merci à Georges Maamari et Yvan Côté chez Bouthillette Parizeau inc. pour l’ingénierie mécanique électrique, et à Martine Beaulieu de CIMA+. Merci à notre entrepreneur de la région, Ed Brunet et associés, qui a réalisé ce grand projet. Nous souhaitons également remercier le ministère de l’Enseignement supérieur et le ministère de la Santé et des Services sociaux pour leur soutien financier. Un merci spécial à l’équipe de la Société québécoise des infrastructures, à Céline Gaulin, directrice du projet et à l’équipe du CISSS de l’Outaouais : Josée Filion, France Dumont, Martine Potvin, Stéphane Pleau, Martin Bélanger et leurs équipes.