Le chercheur David P. Labbé, de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), et une équipe de collaborateurs d’ailleurs dans le monde vont se pencher sur les mécanismes et sur les composantes de la nutrition de précision, dans le but d’améliorer les options de traitement pour une forme mortelle du cancer de la prostate.
Malgré les nouveaux médicaments et les progrès de la recherche, il n’existe aucun traitement pour le cancer de prostate métastatique résistant à la castration (CPRC), aussi appelé cancer de la prostate hormonorésistant; à l’échelle mondiale, cette forme de cancer va vraisemblablement tuer 360 000 hommes cette année.
Le Peer Reviewed Medical Research Program (PRMRP) du Département de la Défense des États-Unis a annoncé en octobre dernier l’octroi d’une nouvelle subvention de deux millions de dollars US. Ces fonds sont destinés au chercheur David P. Labbé, Ph. D., qui va diriger une équipe de collaborateurs de plusieurs pays. Chercheur au Programme de recherche sur le cancer à l’IR-CUSM, David P. Labbé a consacré sa carrière à étudier la biologie moléculaire du cancer de la prostate, plus particulièrement l’impact de la diète sur des événements moléculaires en lien avec la progression de la tumeur. Cette subvention va financer la recherche visant à améliorer les résultats des patients recevant un diagnostic dévastateur de cancer de la prostate.
Avec la cochercheuse principale Eva Corey, Ph. D., de l’Université de Washington, experte des modèles de cancer de la prostate dérivés du patient, ainsi qu’avec des collaborateurs des États-Unis, de l’Australie et du Canada, David P. Labbé et son équipe vont procéder à des essais précliniques de pointe visant à comprendre les effets de la nutrition de précision sur le CPRC.
La nouvelle proposition bénéficiant de la subvention du PRMRP tire parti des travaux antérieurs de David P. Labbé et d’autres chercheurs. Ces travaux ont démontré qu’un régime riche en gras saturés accélère la progression du cancer de la prostate; ils ont mené à l’élaboration d’une stratégie fondée sur la nutrition pour potentialiser les traitements actuels contre cette forme de cancer. Cette approche prometteuse pourrait prévenir ou réduire les conséquences attribuables à la progression de la maladie.
« Par exemple, certains traitements récemment autorisés pour les humains ayant recours à des médicaments connus sous le nom d’inhibiteurs enzymatique d’une poly (ADP-ribose) polymérase (PARP) sont utilisés en clinique, mais sont potentiellement efficaces chez seulement de 13 à 20 pour cent des patients ayant une forme métastatique de CPRC, » explique David P. Labbé. « Une PARP est une protéine qui aide les cellules dont l’ADN est endommagé à se réparer elles-mêmes, alors que les inhibiteurs de PARP peuvent contribuer à prévenir ce travail de réparation au sein des cellules cancéreuses. De manière similaire, poursuit David P. Labbé, d’autres traitements qui endommagent l’ADN, comme la radiothérapie ou la thérapie par des anticorps monoclonaux radiomarqués qui cible l’antigène membranaire spécifique de la prostate (PSMA), ne sont pas efficaces chez tous les patients. »
La nouvelle approche stimulante de l’étude dont il est ici question consiste à mettre l’accent sur la maximisation de l’efficacité des traitements endommageant l’ADN, en ayant recours à la nutrition de précision. Les chercheurs visent à identifier les éléments fondamentaux de la dérégulation de la réponse aux dommages causés à l’ADN (RDA) dépendante de l’alimentation et à définir les signatures alimentaires de l’activation aberrante de la RDA aux traitements endommageant l’ADN chez les patients.
« Il y a vraiment quatre questions fondamentales auxquelles nous voulons répondre, commente David P. Labbé. Premièrement, quelle est la stratégie optimale pour avoir recours à la nutrition de précision afin de sensibiliser la tumeur aux dommages causés à l’ADN? Nous avons aussi pour objectif de déterminer quels sont les éléments en lien avec la diète qui jouent un rôle essentiel dans la dérégulation de la RDA et quels éléments du mécanisme de réponse aux dommages causés à l’ADN sont au cœur de la sensibilisation aux traitements grâce à la nutrition. Enfin, nous espérons découvrir si un régime diététique spécifique ou l’identification d’une signature alimentaire – c’est-à-dire à partir du sang d’un patient – peut prédire la dérégulation de la RDA et la réponse aux traitements endommageant l’ADN. »
L’objectif ultime des chercheurs est de traduire leurs travaux en essais cliniques réalisés chez des humains et d’améliorer le taux de survie des patients atteints d’un cancer de la prostate. David P. Labbé conclut en tenant les propos suivants : « Notre approche novatrice laisse entrevoir la possibilité d’avoir recours, à moyen terme, à une nouvelle approche en matière de nutrition pour des traitements potentiels de la forme mortelle du cancer de la prostate métastatique. »
À propos de la subvention
La nutrition de précision améliore l’efficacité des traitements endommageant l’ADN utilisés dans le cancer de la prostate.
Subvention de fonctionnement de 2 000 000 $ US
Département de la Défense; Subvention de recherche demandée par les chercheurs, octroyée au titre du Peer Reviewed Medical Research Program (PRMRP) – Option de partenariat entre les chercheurs principaux
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