Une étude de l’IR-CUSM permet de faire une découverte importante sur le rôle du système immunitaire dans le syndrome néphrotique idiopathique de l’enfant

Publiée récemment dans Nature Communications, une étude effectuée par des chercheuses et des chercheurs de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) présente une découverte importante; cette étude identifie le rôle, auparavant non reconnu, des cellules B dans le développement du syndrome néphrotique idiopathique de l’enfant (SNI). Cette affection peut entraîner des épisodes récurrents et imprévus d’œdème débilitants, en raison de la perte massive de protéines circulant dans l’urine. Cette maladie touche les enfants et un nombre de plus en plus grand d’adultes.

Cette vaste étude translationnelle, à l’intersection de la néphrologie et de l’immunologie, a été codirigée par Tomoko Takano, M.D., Ph. D., scientifique senior au sein du Programme de recherche en désordres métaboliques et leurs complications, et par Ciriaco Piccirillo, Ph. D., scientifique senior et codirecteur du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale à l’IR-CUSM. Leur équipe de chercheuses et de chercheurs a étudié des échantillons de sang provenant d’enfants en santé et d’enfants atteints d’un SNI actif.

« Il est possible de traiter efficacement de jeunes patientes et de jeunes patients atteints du syndrome néphrotique idiopathique en ayant recours à des médicaments qui ciblent les cellules B, explique la Dre Takano, également clinicienne au sein de la Division de néphrologie du Centre universitaire de santé McGill. Il s’agit d’un nouveau traitement, qui est malheureusement imparfait. Les personnes atteintes du SNI peuvent fréquemment faire une rechute après une infection virale. De plus, le traitement n’est pas précis – il a une incidence sur l’ensemble des cellules B, y compris sur les cellules ayant un effet bénéfique, qui sont nécessaires pour protéger les patientes et les patients d’une infection. On n’a pas encore bien caractérisé les cellules B renfermant des agents pathogènes, qui ont une incidence sur le SNI; nous devons en apprendre plus sur ces cellules afin d’être en mesure d’inhiber de manière sélective le rôle qu’elles jouent dans le SNI et dans d’autres maladies. »

Les membres de l’équipe ont d’abord comparé des cellules sanguines provenant d’enfants atteints d’un SNI actif avec des cellules sanguines provenant d’enfants en santé, en ayant recours au séquençage de l’ARN d’une seule cellule. Ils ont conclu que chez les enfants atteints du SNI, les cellules B étaient hyperactivées.

« Ensuite, nous avons découvert qu’un type particulier de cellules B, appelées cellules mémoires extrafolliculaires, étaient davantage présentes dans les échantillons de sang provenant d’enfants ayant un SNI actif, commente Tho Al-Aubodah, candidat au doctorat, qui travaille avec les professeurs Piccirillo et Takano. L’expression des gènes nécessaires à la production de ces cellules B extrafolliculaires a été plus grande chez les enfants atteints du SNI que chez les enfants en santé. »

Dans d’autres études récentes, les mêmes cellules B extrafolliculaires avaient un rôle à jouer dans le développement de maladies auto-immunes comme le lupus érythémateux systémique et la sclérose en plaques. Compte tenu de l’activité de ces cellules B chez les enfants atteints d’un SNI, nos travaux de recherche laissent entendre que ces cellules peuvent aussi constituer une source auto-immune du SNI.

« Les cellules B extrafolliculaires sont généralement activées pendant une infection aiguë, ce qui donne naissance à des cellules sécrétant des anticorps, ajoute le Prof. Piccirillo. Notre découverte fournit un cadre de travail immunologique pour la compréhension de l’association étroite entre une rechute de SNI et les maladies respiratoires attribuables au virus respiratoire syncytial, à l’influenza ou même au SARS-CoV-2. Plus particulièrement, nos travaux suggèrent qu’une infection virale peut activer des cellules B extrafolliculaires autoréactives, qui vont ensuite produire des anticorps pathogènes, c’est-à-dire les anticorps qui ciblent les cellules rénales touchées par le SNI. »

« Bien que nos travaux laissent fortement entendre que la réponse des cellules B extrafolliculaires a un rôle à jouer dans le SNI, il nous faut encore trouver des éléments probants directs démontrant que ces cellules B produisent effectivement des anticorps pathogènes, conclut Tho Al-Aubodah. Les prochaines étapes de nos travaux laissent entrevoir plusieurs avenues prometteuses; nous allons réaliser ces travaux en utilisant des tissus humains ainsi qu’un nouveau modèle murin pour la maladie. »

Les auteurs de l’étude tiennent à exprimer leur gratitude aux Instituts de recherche en santé du Canada, à la Fondation canadienne du rein et à la Fondation du CUSM, qui leur ont offert du financement.

Les auteurs remercient également de leur soutien indéfectible les responsables de la Plateforme d’immunophénotypage et le Centre d’excellence d’immunologie translationnelle de l’IR-CUSM.

L’équipe de chercheuses et de chercheurs du projet dont il est question dans le présent article participe au projet Canadian Childhood Nephrotic Syndrome Project, ayant pour objectif de mieux comprendre les causes et les conséquences du SNI, dans le but d’en arriver à mieux identifier les traitements de cette affection.

À propos de l’étude

Lire la publication : Al-Aubodah, TA., Aoudjit, L., Pascale, G. et al. The extrafollicular B cell response is a hallmark of childhood idiopathic nephrotic syndrome Nat Commun 14, 7682 (2023). https://doi.org/10.1038/s41467-023-43504-8