En visitant le Centre de simulation et d’apprentissage interactif Steinberg (CSAIS), on découvre des technologies novatrices et une équipe dynamique qui aide les apprenants et apprenantes à acquérir les habiletés techniques nécessaires à leur profession.

En plus des mannequins haute-fidélité, 200 personnes interviennent dans les simulations immersives pour équipes interprofessionnelles en incarnant des patients standardisés (PS).

Ces personnes ont reçu une formation afin d’interpréter des patients, des membres de la famille ou d’autres professionnels et professionnelles de la santé dans le cadre des ateliers de simulation. Elles jouent un rôle crucial dans les rencontres cliniques simulées qui permettent aux professionnels et professionnelles de la santé (futurs ou actuels) de perfectionner leurs aptitudes en communication et résolution de conflits ou de développer leur empathie. Bon nombre des PS de McGill sont des acteurs et actrices, et certains se sont joints à l’équipe du CSAIS dès son ouverture en 2006.

Nous avons discuté avec Thomas Wilkinson Fullerton et Kim Naraine, moniteur et monitrice de PS au CSAIS, qui nous ont décrit leur rôle et nous ont parlé des personnes qui se cachent derrière les PS.

Création des scénarios de simulation avec patients standardisés

Avant d’endosser leurs présentes fonctions, Kim et Thomas ont eux-mêmes été PS, en plus de travailler à leurs autres projets comme comédiens professionnels. Leur rôle actuel est d’assurer la liaison entre les directeurs et directrices de programme et les PS afin de mettre au point des simulations stimulantes, mais sécuritaires pour les apprenants et apprenantes.

Le processus s’amorce lorsqu’un directeur ou une directrice de programme soumet une proposition de simulation à l’équipe de monitorat des PS, qui communique ensuite avec les PS qui pourraient convenir au projet de simulation. Chaque semaine, l’équipe de monitorat collabore avec 25 à 50 PS.

Avant de lancer la simulation, l’équipe de monitorat organise une répétition permettant aux PS et au personnel enseignant de discuter en détail du scénario et de poser des questions.

Si une expérience de jeu n’est pas exigée des PS, elle constitue un atout. Étant donné qu’ils devront reprendre la simulation avec différents apprenants et apprenantes, la constance est primordiale.

« Chaque PS doit reprendre la simulation de nombreuses fois et savoir que d’autres personnes pourraient jouer le même rôle, explique Thomas. Il est donc important de maintenir la communication avec les autres PS pour que tout le monde fasse la même chose. »

Caractéristiques d’un bon patient standardisé

Les PS reçoivent une formation de manière à transmettre des commentaires aux apprenants et apprenantes lors du compte-rendu suivant une simulation (qui prend la forme de séances de groupe ou de conseils individuels transmis par l’équipe de monitorat).

« Nous incitons les PS à faire tout d’abord un commentaire positif, suivi d’une rétroaction constructive puis d’un autre commentaire positif, détaille Kim. Nous les formons également à prendre des notes mentales sur le style de communication utilisé durant la simulation, de manière à ce qu’ils puissent le commenter plus tard. »

Les PS sont essentiels pour que les simulations reflètent les besoins culturels, sociaux et de santé de la population réelle et pour que les professionnels et professionnelles de la santé apprennent à traiter tous les patients avec respect et empathie. C’est dans cet esprit, et pour représenter de manière authentique la diversité des patients, que McGill a élargi son bassin de PS.

« Une bonne partie de nos activités tourne autour de la communication et de l’empathie, et nous abordons souvent des sujets que les apprenants et apprenantes pourraient ne pas maîtriser, comme l’identité de genre ou la manière d’annoncer une mauvaise nouvelle », dit Thomas.

Kim acquiesce et ajoute qu’il est important de s’assurer que les PS ne sentent pas qu’on les instrumentalise.

« Il ne s’agit pas seulement de recruter des personnes issues de milieux différents ou qui s’identifient à des genres différents, explique-t-elle. Nous voulons que les personnes que nous recrutons se sentent à l’aise et qu’elles aiment travailler avec nous. »

Milieu d’apprentissage sécuritaire

Bien que les simulations avec les PS soient rigoureuses, il est crucial de maintenir un environnement d’apprentissage sûr.

« Ce que les apprenants et apprenantes aiment le plus ici, c’est que nous offrons un milieu sûr, explique Thomas. Il est possible de prendre une pause au besoin. Les simulations les mettent au défi, mais dans un environnement très contrôlé. »

Thomas, Kim et leurs collègues prennent soin d’offrir aux PS le même sentiment de sécurité, notamment en leur rappelant régulièrement qu’il est permis de refuser les simulations qui traitent de sujets potentiellement traumatisants.

« Nous abordons parfois des sujets délicats, mais les PS doivent être en mesure de reprendre le scénario de manière constante, souligne Thomas. Ça peut être pénible de jouer huit fois en une journée un scénario dans lequel on reçoit une mauvaise nouvelle. Nous conseillons donc à nos PS de se ménager. »

Kim ajoute que les PS ont également la possibilité de communiquer avec l’équipe de monitorat des PS en cas d’inconfort.

« Cette rétroaction nous est très utile, car nous cherchons toujours à mieux représenter les cas difficiles. »

Engagement pour la formation professionnelle en santé

La formation par simulation fait de plus en plus appel aux technologies émergentes, mais Thomas et Kim estiment que les PS auront toujours un rôle à jouer.

« Il existe des outils de réalité virtuelle qui aident les étudiants et étudiantes à développer leur empathie, mais je crois que les simulations d’interaction avec les patients sont un point de départ indispensable, avance Thomas. La technologie est formidable et les nouvelles générations ont grandi avec elle. Cependant, les PS offrent une expérience unique dans laquelle les étudiants et étudiantes doivent regarder une personne en chair et en os dans les yeux. »

Mark Smilovitch, MDCM, professeur agrégé au Département de médecine, dit que pour ses apprenants et apprenantes, ainsi que pour lui-même, « c’est une grande chance de pouvoir compter sur le groupe de PS de talent du CSAIS. Leur expertise contribue à la création d’expériences d’apprentissage précieuses, tant pour la communauté étudiante que pour le corps enseignant de McGill. »

« Les PS et les simulations d’interaction avec les patients permettent de s’exercer aux relations interpersonnelles, une composante primordiale des soins de santé. C’est une merveilleuse occasion pour les apprenants et apprenantes d’acquérir ou de perfectionner des aptitudes comportementales qui leur serviront lors de leurs interactions en contexte réel avec les patients, les familles et les collègues », ajoute-t-il.

Kim juge que l’un des aspects les plus gratifiants de son travail est de voir les futurs professionnels et professionnelles de la santé gagner en confiance grâce à leurs interactions avec les PS.

« En général, les apprenants et apprenantes nous sont très reconnaissants. C’est particulièrement vrai pour les étudiants et étudiantes en début de parcours en médecine, pour qui c’est la toute première expérience avec les patients, dit-elle. Nos PS prennent leur travail très au sérieux, et nous voulons aider les apprenants et apprenantes à réaliser leur plein potentiel. C’est gratifiant de faire partie du processus. »