Chaque année, les épidémies de grippe entraînent jusqu’à un demi-million de décès dans le monde, et de nouvelles souches du virus menacent sans cesse d’infecter les humains et de causer des pandémies encore plus dévastatrices. Or, une étude réalisée par Maziar Divangahi, professeur à l’Université McGill, et publiée cette semaine par Cell Press dans la revue spécialisée Immunity révèle qu’un médicament qui inhibe une molécule appelée prostaglandine E2 (PGE2) permet d’augmenter le taux de survie chez des souris infectées par une dose mortelle du virus de la grippe H1N1. Cette découverte ouvre la voie à un traitement très efficace contre le virus de la grippe et, possiblement, d’autres infections virales.
« Des médicaments qui ciblent précisément les voies de la PGE2 ayant déjà été mis au point et testés chez les animaux, les résultats de notre étude ont d’excellentes chances de se traduire par des applications cliniques, non seulement pour le traitement de la grippe, mais également pour celui d’autres infections respiratoires virales qui interagissent avec des voies similaires de la réaction immunitaires chez l’hôte », affirme le professeur Divangahi, auteur en chef de l’étude et qui est également membre de l’axe Infection et immunité à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM).
En dépit des programmes de vaccination et d’autres interventions antivirales à l’échelle mondiale, le virus de la grippe demeure une menace persistante pour la santé humaine. Afin d’étudier les voies moléculaires qui pourraient être ciblées par de nouvelles interventions, Maziar Divangahi, professeur adjoint à la Faculté de médecine (Département de microbiologie et d’immunologie), et son équipe ont axé leurs recherches sur des médicaments comme l’aspirine et l’ibuprofène, utilisés couramment pour la prise en charge des symptômes pseudogrippaux. En inhibant une molécule appelée cyclo-oxygénase, l’ibuprofène et d’autres anti-inflammatoires non stéroïdiens inhibent la production de cinq importants prostanoïdes ‒ des molécules de l’immunité qui contribuent à la survenue de la douleur et de la fièvre.
« Toutefois, comme ces médicaments inhibent tous les prostanoïdes, chacun d’entre eux pourrait contribuer à sa façon à l’immunité contre le virus de la grippe, affirme François Coulombe, doctorant à McGill et auteur principal de l’étude. Il est essentiel de comprendre le rôle de chacun lors de la mise au point d’un nouveau traitement. »
L’équipe du professeur Divangahi a constaté que les souris génétiquement modifiées de sorte qu’il leur manque un membre de la famille des prostanoïdes, la PGE2, disposaient d’une immunité considérablement renforcée contre l’infection par le virus de la grippe. Fait plus important encore, la plupart de ces souris auxquelles on avait injecté une dose mortelle du virus de la grippe H1N1 ont survécu. De même, on a observé une immunité antivirale accrue et de meilleurs taux de survie à la suite d’une infection provoquée par une dose mortelle du virus de la grippe chez les souris traitées à l’aide d’un composé qui inhibe la PGE2 comparativement aux résultats obtenus chez les souris non traitées.
« Les études précédentes avaient donné des résultats contradictoires en raison de l’inhibition de tous les prostanoïdes, pas seulement de la PGE2 », précise le professeur Divangahi. « Les résultats que nous avons obtenus suggèrent que les diverses prostaglandines exercent des rôles différents sur l’immunité antivirale et que l’inhibition sélective de la PGE2 constituera un traitement efficace contre l’infection par le virus de la grippe en stimulant les réponses immunitaires. »
Huffington Post Quebec
Le 11 avril 2014