Une équipe de chercheurs dirigée par le Dr Michel Cayouette à l’IRCM a fait une découverte importante, publiée en ligne hier par la revue scientifique Developmental Cell, qui contribuerait à mieux comprendre certains types de surdité d’origine héréditaire chez l’humain. Les scientifiques montréalais ont identifié un groupe de protéines essentiel à la formation de l’organe cellulaire qui détecte les sons.
Pour qu’un humain puisse entendre, les vibrations sonores dans l’oreille interne doivent d’abord être transformées en impulsions électriques avant d’être transmises au cerveau. Cette transformation est effectuée par des cellules sensorielles ciliées situées dans l’oreille interne. À la surface de ces cellules, des protrusions microscopiques nommées « stéréocils » agissent en tant que capteurs spécialisés afin de détecter les vibrations.
« Lors du développement embryonnaire, ces stéréocils se regroupent en une brosse en forme de V. Par ailleurs, toutes les cellules orientent leur brosse de sorte que le V pointe dans la même direction. Cette organisation polarisée est essentielle à la fonction sensorielle, mais reste encore mal comprise » a dit le Dr Cayouette, directeur de l’unité de recherche en neurobiologie cellulaire à l’IRCM.
« Nous avons étudié un groupe de protéines connues pour leur rôle dans le contrôle de la division cellulaire dans l’organisme et avons découvert un nouveau rôle qu’elles exercent dans le système auditif. Nous avons montré que ces protéines occupent une région précise à la surface de la cellule qui définit le placement exact des stéréocils et permet la création d’une brosse en forme de V » a expliqué le Dr Basile Tarchini, stagiaire postdoctoral dans le laboratoire du Dr Cayouette et premier auteur de l’étude.
« En outre, nous avons découvert que l’une des protéines est également requise pour coordonner l’orientation des brosses entre cellules voisines, assurant ainsi que le V formé par chaque brosse soit orienté dans la même direction. Nos résultats suggèrent fortement, pour la première fois, que ce groupe de protéines pourrait servir de lien entre deux mécanismes moléculaires importants, soit le système responsable du placement des stéréocils en une brosse en forme de V à la surface de la cellule et le système qui oriente cette structure dans le tissu environnant » a ajouté le Dr Tarchini.
« Des études récentes ont montré que des mutations dans l’une des protéines que nous avons étudiées sont associées à des formes héréditaires de la surdité chez l’humain. En définissant une fonction pour cette classe de protéines dans les cellules ciliées, nos travaux contribuent à expliquer les mécanismes qui pourraient causer ces pertes auditives » a conclu le Dr Cayouette.
Ces travaux de recherche ont été subventionnés par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et par la bourse postdoctorale octroyée au Dr Tarchini par le Human Frontier Science Program. Pour plus d’information, veuillez consulter le sommaire de l’article publié en ligne par Developmental Cell : http://www.cell.com/developmental-cell/abstract/S1534-5807(13)00537-6.
À propos de Michel Cayouette
Michel Cayouette a obtenu un doctorat en neurobiologie de l’Université Laval. Il est professeur agrégé de recherche IRCM et directeur de l’unité de recherche en neurobiologie cellulaire. Le Dr Cayouette est professeur-chercheur agrégé au Département de médecine (accréditation en biologie moléculaire) de l’Université de Montréal. Il est aussi professeur associé au Département de médecine (Division de la médecine expérimentale) et au Département d’anatomie et de biologie cellulaire de l’Université McGill. Il est membre du Réseau Vision (Fonds de recherche du Québec – Santé) et du Centre d’excellence en neurosciences de l’Université de Montréal. Le Dr Cayouette est chercheur-boursier du Fonds de recherche du Québec – Santé. Pour plus d’information, visitez le www.ircm.qc.ca/cayouette.
À propos de l’IRCM
Créé en 1967, l’Institut de recherches cliniques de Montréal (www.ircm.qc.ca) regroupe aujourd’hui 38 unités de recherche spécialisées dans des domaines aussi variés que l’immunité et les infections virales, les maladies cardiovasculaires et métaboliques, le cancer, la neurobiologie et le développement, la biologie intégrative des systèmes et la chimie médicinale, et la recherche clinique. Il compte aussi quatre cliniques spécialisées, huit plateaux technologiques et trois plateformes de recherche dotées d’équipement à la fine pointe de la technologie. Plus de 425 personnes y travaillent. L’IRCM est une institution autonome affiliée à l’Université de Montréal et sa clinique est associée au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). L’Institut entretient également une association de longue date avec l’Université McGill. L’IRCM est financé par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie du Québec.
16 octobre 2013