Dans une nouvelle étude d’analyse de coûts, des chercheurs recommandent de tester largement les groupes prioritaires, notamment les travailleurs de la santé, les élèves et le personnel des écoles, ainsi que les employés des services essentiels
Montréal, – Le dépistage actif de grands groupes de personnes présentant un risque accru de contracter le Syndrome respiratoire aigu sévère Coronavirus-2 (SRAS-CoV-2) devrait faire partie de la stratégie canadienne visant à ramener les gens en toute sécurité à l’école et au travail, selon une étude menée à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) et publiée dans CMAJ, le journal de l’Association médicale canadienne. Les auteurs proposent une approche de dépistage qui semble à la fois abordable et raisonnable, compte tenu de la réponse fiscale fédérale à la pandémie et des conséquences sociales et économiques désastreuses qu’une deuxième vague non contenue pourrait avoir.
Les chercheurs ont calculé les coûts, les besoins en personnel et les capacités de laboratoire nécessaires pour tester systématiquement 5 groupes :
- Contacts familiaux et non familiaux des personnes chez qui le SRAS-CoV-2 a été diagnostiqué récemment
- Employés des hôpitaux de soins aigus
- Travailleurs de la santé communautaire, employés et résidents des établissements de soins de longue durée
- Employés d’entreprises essentielles ayant des contacts interpersonnels ou publics importants
- Étudiants et employés des écoles primaires et secondaires
Ils estiment qu’une ronde de tests universels sur ces populations à risque coûterait 1,3 milliard de dollars, ce qu’ils considèrent comme un coût raisonnable par rapport à l’énorme impact de la fermeture de l’économie. Le dépistage universel de chaque groupe pourrait être effectué sur une période de un mois à un mois et demi, et pourrait être répété ou effectué plus rapidement en fonction du risque de contracter le SRAS-CoV-2 dans chaque groupe.
« Même répétés, ces coûts représentent une petite fraction des 169,2 milliards de dollars inclus dans la réponse fiscale fédérale canadienne à la pandémie de COVID-19 en juin 2020 », soulignent les chercheurs.
L’avantage d’un test généralisé serait la détection et l’isolement des personnes asymptomatiques infectées par le SRAS CoV-2. Cela permettrait d’éviter la transmission à la communauté, qui pourrait sinon entraîner une deuxième vague et un deuxième arrêt de l’économie.
« Le dépistage actif des personnes présentant un risque accru de contracter le SARS-CoV-2 – et l’isolement des personnes infectées – pourrait être tout aussi efficace pour arrêter la transmission communautaire [que l’arrêt de nombreuses activités] et représente un coût social et économique bien moindre », font-ils valoir.
Pour permettre la réalisation de tests à grande échelle, les auteurs suggèrent de faire appel à d’autres professionnels de la santé et à des étudiants en médecine, de s’associer à des laboratoires universitaires et privés, et d’utiliser des prélèvements de salive – plutôt que des prélèvements nasopharyngés – pour réduire les coûts et le nombre de professionnels de la santé mobilisés. Pendant que les capacités nécessaires sont mises en place, des tests de surveillance répétés – dans lesquels des échantillons aléatoires d’individus de chaque groupe sont testés – peuvent être utilisés pour comprendre comment le SRAS-CoV-2 affecte chaque groupe au fil du temps.
« Nous pensons qu’une stratégie consistant à tester activement de grands groupes de population qui courent un risque accru de contracter le SRAS-CoV-2 est réalisable et abordable au Canada. Cette approche de dépistage devrait faire partie intégrante d’une vaste stratégie visant à permettre à tous les Canadiens de retourner au travail et à l’école en toute sécurité », concluent les auteurs.
À propos de l’étude
L’étude Active testing of groups at increased risk of acquiring SARS-CoV-2 in Canada: costs and human resource needs a été réalisée par Jonathon R. Campbell, Aashna Uppal, Olivia Oxlade, Federica Fregonese, Mayara Bastos, Zhiyi Lan, Stephanie Law, Chi Eun Oh, W. Alton Russell, Giorgia Sulis, Nicholas Winters, Mercedes Yanes Lane, Marc Brisson, Sonia Laszlo, Timothy G. Evans, et Dick Menzies.
DOI: https://doi.org/10.1503/cmaj.201128
Ce travail a été soutenu par l’Initiative interdisciplinaire en infection et immunité de McGill (MI4) avec un financement de démarrage de la Fondation du CUSM.
L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) est un centre de recherche de réputation mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et de la santé. Établi à Montréal, au Canada, l’Institut, qui est affilié à la faculté de médecine de l’Université McGill, est l’organe de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) – dont le mandat consiste à se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communauté. L’IR-CUSM compte plus de 460 chercheurs et près de 1 300 étudiants et stagiaires qui se consacrent à divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santé évaluative aux sites Glen et à l’Hôpital général de Montréal du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des découvertes destinées à améliorer la santé des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS). ircusm.ca
Fabienne Landry
Centre universitaire de santé McGill
514 812-7722
Le 10 septembre 2020