Nouvelle ligne directrice du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs
Une nouvelle ligne directrice du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs constate l’absence de bénéfice d’un dépistage systématique du dysfonctionnement thyroïdien chez les adultes sans symptômes ni facteurs de risque. S’appuyant sur les données probantes les plus récentes, la ligne directrice du Groupe d’étude publiée dans le JAMC (Journal de l’Association médicale canadienne) recommande de ne pas effectuer de dépistage systématique du dysfonctionnement thyroïdien chez les personnes adultes non enceintes.
Le dépistage systématique du dysfonctionnement thyroïdien chez les personnes sans symptômes ni facteurs de risque est souvent prescrit, bien que cette pratique varie selon les professionnels de la santé en soins primaires. Lorsque le dépistage est réalisé, une prise de sang est prescrite — en cochant la case située sur la requête — pour mesurer les taux de thyréostimuline (TSH), ce qui peut réveler une thyroïde qui n’est pas assez active (hypothyroïdie) ou trop active (hyperthyroïdie).
« En procédant au dépistage systématique de la dysfonction thyroïdienne chez des adultes asymptomatiques, on risque de transformer en patients des gens qui sont autrement en santé », explique le professeur Brett Thombs, du Département de psychiatrie de l’Université McGill, président du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs.
« Si vous êtes un clinicien prescrivant des analyses de la TSH lors de visites de santé préventives, il serait peut-être temps de revoir cette pratique car il n’y aucune donnée probante démontrant un bénéfice à la santé découlant de ce dépistage », déclare le docteur Richard Birtwhistle, professeur émérite en médecine familiale et en santé publique à l’Université Queen’s, et responsable du groupe de travail sur la dysfonction thyroïdienne du Groupe d’étude.
« Lorsque l’analyse révèle un taux anormal de TSH, on prescrit souvent à la personne des médicaments qu’elle doit prendre toute sa vie, qui exigent une surveillance médicale et qui occasionnent des dépenses – sans aucun bienfait détectable pour leur santé », note le Pr Thombs, qui est aussi chercheur chevronné à l’Institut Lady Davis de l’Hôpital général juif et membre du groupe de travail.
Le Groupe d’étude a effectué une démarche rigoureuse d’examen systématique des données probantes les plus récentes. Bien qu’aucun essai sur le dépistage n’ait été identifié, 22 études portant sur l’efficacité du traitement de taux anormaux de TSH chez des adultes asymptomatiques ont été prises en compte. Comme le Groupe d’étude n’a pas trouvé de données probantes démontrant des bénéfices au dépistage ou au traitement, il met l’accent sur les inconvénients et préjudices potentiels que le dépistage entraîne pour les patients.
Compte tenu de l’absence de bénéfice pour les patients et de la possibilité d’avoir à prendre des médicaments inutilement ainsi que des inconvénients réels comme de se rendre à des rendez-vous médicaux et de subir des prises de sang de suivi pour vérifier les taux de TSH, le Groupe d’étude recommande fortement de ne pas effectuer de dépistage de routine de la TSH chez les adultes asymptomatiques.
« Les patients qui présentent une fatigue extrême, une sensibilité accrue au froid ou à la chaleur, une perte de cheveux, des battements cardiaques irréguliers, ou une perte ou un gain de poids importants devraient consulter un médecin », ajoute la Dre Guylène Thériault, médecin de famille et médecin conseil en santé publique, membre du Groupe d’étude. « La recommandation discutée ici s’adresse aux patients qui n’ont aucun symptôme. Elle ne s’adresse pas aux personnes qui ont des symptômes comme ceux que j’ai décrits ou qui présentent des facteurs de risque comme une chirurgie ou des traitements de radiothérapie au cou. »
- Cette recommandation peut changer la pratique des cliniciens qui effectuent régulièrement un dépistage de la fonction thyroïdienne chez les patients asymptomatiques.
- Les cliniciens doivent être conscients des symptômes, des signes et des maladies liées à un dysfonctionnement thyroïdien afin que les patients puissent être testés, en particulier les femmes ménopausées symptomatiques, compte tenu de la plus forte prévalence de l’hypothyroïdie chez cette population.
Le Collège des médecins de famille du Canada, la Société canadienne d’endocrinologie et de métabolisme et l’Association des infirmières et des infirmiers praticiens du Canada ont approuvé la ligne directrice.
Pour consulter la ligne directrice complète, la présentation infographique et les outils supplémentaires, consultez le www.canadiantaskforce.ca. Vous pouvez aussi écouter une baladodiffusion sur la ligne directrice.
Le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs est un groupe indépendant de professionnels de la santé qui sont des experts en soins de santé préventifs et de la méthodologie associée aux lignes directrices. Le Groupe d’étude a pour mandat d’élaborer et de diffuser des lignes directrices pour la pratique clinique fondées sur des données probantes pour les soins de santé primaires et préventifs.
La ligne directrice « Recommandations sur le dépistage de la dysfonction thyroïdienne chez les adultes asymptomatiques en soins de santé primaires » est publiée le 18 novembre 2019.