Le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs réoriente l’approche dans la dernière mise à jour des lignes directrices

Une mise à jour de la ligne directrice sur le dépistage du cancer du sein met l’accent sur une prise de décision partagée entre les femmes et leurs prestataires de soins de santé, afin d’aider les femmes à prendre une décision éclairée en fonction de leurs préférences. La ligne directrice, publiée par le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs (Groupe d’étude), paraît aujourd’hui dans le JAMC (Journal de l’Association médicale canadienne).

« Au Canada, la plupart des femmes de 50 ans et plus qui ne sont pas à risque accru de cancer du sein sont invitées à une mammographie de dépistage et sont confrontées à la décision d’accepter ou non », a déclaré la docteure Ainsley Moore, vice-présidente du Groupe d’étude. « La mise à jour de la ligne directrice met l’accent sur la prise de décision partagée entre les femmes et leurs prestataires de soins de santé, afin de faciliter la décision de participer ou non au dépistage, selon leurs valeurs et préférences personnelles. »

Le dépistage par mammographie permet de détecter le cancer du sein plus tôt et entraîne une réduction de la mortalité par cancer du sein. Cependant, il entraîne aussi des préjudices, comme les résultats faux positifs et les investigations supplémentaires qui en découlent, pouvant aller jusqu’à une biopsie du sein ainsi que la possibilité de surdiagnostics se traduisant par des traitements inutiles et leurs possibles complications. Les plus récentes données examinées par le Groupe d’étude continuent de démontrer un équilibre précaire entre ces bénéfices et préjudices potentiels.

« La décision partagée entre une patiente et son clinicien prend de plus en plus de place dans les pratiques cliniques préventives, et cette mise à jour des recommandations, en soulignant l’équilibre précaire qui existe entre les bénéfices et préjudices potentiels, justifie une approche axée sur la prise de décision partagée» a déclaré la docteure Guylène Thériault, vice-doyenne adjointe, Formation médicale décentralisée à la Faculté de médecine de l’Université McGill. « Le Groupe d’étude a formulé des recommandations de dépistage conditionnelles pour souligner l’importance de soutenir les femmes pour qu’elles puissent arriver, en considérant les issues cliniques potentielles du dépistage, à une décision conforme à leurs propres priorités. Par exemple, alors que le dépistage est recommandé chez les femmes de 50 à 74 ans, une prise de décision partagée doit être favorisée, et, par cette démarche, certaines femmes choisiront, après réflexion, de ne pas se faire dépister », a déclaré la docteure Thériault, qui est aussi membre du Groupe d’étude.

« Le Partenariat canadien contre le cancer (PCCC) appuie les recommandations du Groupe d’étude sur le dépistage du cancer du sein, plus précisément le besoin d’avoir des conversations plus approfondies et une prise de décision partagée entre les femmes et leurs prestataires de soins de santé », a déclaré le docteur Craig Earle, vice-président « Lutte contre la cancer» au PCCC. « Nous savons qu’il y a beaucoup de femmes qui ont une expérience positive liée au fait d’avoir pu détecter précocement le cancer lors d’un dépistage, mais nous savons aussi qu’il y a des femmes pour lesquelles le dépistage a donné lieu à des interventions médicales inutiles et une période de stress importante dans l’attente des résultats. Le Partenariat espère continuer à travailler avec les partenaires provinciaux et territoriaux pour surveiller la performance des programmes de dépistage du cancer du sein. »

Le Groupe d’étude, un organisme indépendant composé d’experts en soins de santé primaires et préventifs, a examiné les dernières et les meilleures données scientifiques pour formuler des recommandations en matière de dépistage du cancer du sein dans sa ligne directrice. 

Recommandations

Bien que le Groupe d’étude n’ait pas changé le sens des recommandations publiées dans sa ligne directrice de 2011, la nouvelle ligne directrice précise que les recommandations sont conditionnelles aux priorités d’une femme face aux bénéfices et préjudices potentiels du dépistage.

  • Le Groupe d’étude recommande de ne pas procéder au dépistage chez les femmes âgées de 40 à 49 ans; la recommandation est conditionnelle à la valeur relative qu’une femme accorde aux bénéfices et préjudices potentiels du dépistage. Dans les cas où les femmes de ce groupe d’âge considèrent un dépistage, elles sont invitées à discuter des différentes possibilités avec leur prestataire de soins de santé.
  • Le Groupe d’étude est en faveur du dépistage par mammographie tous les deux à trois ans chez les femmes âgées de 50 à 74 ans. La décision de se faire dépister ou non est conditionnelle à la valeur relative qu’une femme accorde aux bénéfices et préjudices potentiels du dépistage. Les cliniciens sont invités à favoriser une prise de décision partagée pour aider les femmes à prendre une décision éclairée conforme à leurs priorités. 

Les données probantes 

Les données probantes actuelles continuent de démontrer qu’il existe un équilibre précaire entre les bénéfices et préjudices potentiels du dépistage du cancer du sein. Cet équilibre semble être moins favorable chez les femmes de moins de 50 ans. La décision de se faire dépister ou non peut différer selon la valeur qu’accordent les femmes à ces bénéfices et préjudices potentiels.

  • L’inconvénient le plus important du dépistage est le surdiagnostic qui se produit lorsqu’une femme reçoit un diagnostic de cancer du sein, mais que ce cancer, s’il n’avait pas été découvert au dépistage, n’aurait pas provoqué de symptômes ou causé de torts à celle-ci au cours de sa vie. Cependant, comme les médecins, une fois le diagnostic posé, ne peuvent pas dire quel cancer va évoluer et quel cancer n’évoluera pas, ils sont tous traités. Tous les traitements contre le cancer (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie, etc.) comportent des effets secondaires importants.
  • Chez les femmes âgées de 40 à 49 ans qui ne sont pas à risque accru de cancer du sein, des données de faible certitude semblent suggérer qu’il existe une légère diminution de risque de décès associé au cancer du sein. D’autre part, ces femmes ont un risque plus élevé de préjudices comme les résultats faux positifs et les investigations supplémentaires qui en découlent, pouvant aller jusqu’à une biopsie du sein ainsi que la possibilité de surdiagnostics se traduisant par des traitements inutiles avec leurs possibles complications.
  • Chez les femmes âgées de 50 à 74 ans qui ne sont pas à risque accru de cancer du sein, des données de très faible certitude suggèrent qu’il existe une diminution modeste du risque de décès associé au cancer du sein. Bien que le risque de préjudices du dépistage soit plus faible que chez les femmes plus jeunes, il demeure préoccupant.
  • Une revue systématique effectuée pour les besoins de cette ligne directrice et portant sur les valeurs et les préférences des femmes à propos du dépistage du cancer du sein suggère que de nombreuses femmes âgées de 40 à 49 ans choisiraient de ne pas se faire dépister, si elles étaient informées des issues cliniques potentielles pour leur groupe d’âge. D’autre part, de nombreuses femmes âgées de 50 ans et plus choisiraient le dépistage, compte tenu d’un équilibre plus favorable entre les bénéfices et préjudices. Certaines femmes de ce groupe d’âge peuvent choisir de ne pas se faire dépister conformément à leurs valeurs et leurs préférences face aux bénéfices et préjudices potentiels du dépistage.

Besoin de recherches supplémentaires

Le Groupe d’étude a mentionné que des données de meilleure qualité étaient nécessaires pour déterminer l’impact du dépistage du cancer du sein chez les femmes de tous les groupes d’âge. Des études supplémentaires sur les valeurs et les préférences des Canadiennes envers le dépistage, qui sont fondées sur des estimations réalistes des bénéfices et préjudices, partagées d’une manière transparente et facilement compréhensibles, contribueraient à orienter les futures recommandations.

Pour le rapport complet et des détails sur les conclusions et les recommandations du Groupe d’étude ainsi que les outils d’application des connaissances pour les patientes et les cliniciens qui les accompagnent, veuillez consulter le https://canadiantaskforce.ca/a-propos-du-gecssp/?lang=fr

À propos du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs

Le Groupe d’étude a été créé dans le but d’élaborer des lignes directrices cliniques qui viennent soutenir les prestataires de soins de santé primaires dans la prestation de soins de santé préventifs. Le mandat du Groupe d’étude consiste à élaborer et diffuser des lignes directrices cliniques en soins de santé primaires et préventifs basées sur l’analyse systématique des données scientifiques.

Pour de plus amples renseignements ou pour planifier une entrevue avec un membre du Groupe d’étude, veuillez communiquer avec:

Jennifer Field, H+K Strategies

613-786-9956

jennifer.field@hkstrategies.ca

Le 10 décembre 2018