Une première analyse d’envergure révèle une augmentation marquée des décès attribuables aux analgésiques aux États-Unis et au Canada
Le nombre de décès attribuables aux analgésiques couramment prescrits est plus élevé que celui des décès par surdose d’héroïne et de cocaïne combinés, selon des chercheurs de l’Université McGill. Après avoir réalisé la première analyse exhaustive des données recueillies dans le cadre d’études précédentes, l’équipe mcgilloise a mis le doigt sur un important problème de santé publique : l’augmentation spectaculaire du nombre de décès attribuables aux analgésiques sur ordonnance, lesquels ont été incriminés dans plus de 16 000 décès en 2010 aux États-Unis seulement. À l’heure actuelle, les États-Unis et le Canada occupent respectivement les premier et deuxième rangs au chapitre de la consommation d’opioïdes par habitant.
« Les surdoses d’analgésique sur ordonnance ont beaucoup retenu l’attention des éditorialistes et des journalistes de la presse populaire, mais nous voulions savoir s’il existait des données probantes sur ce phénomène », affirme Nicholas King, de l’Unité d’éthique biomédicale de la Faculté de médecine de McGill. Afin de répertorier et de résumer les données existantes, le chercheur et les membres de son équipe ont effectué une revue systématique de la littérature, comprenant notamment une analyse exhaustive de la littérature scientifique qui ne tenait compte que des rapports faisant état de données probantes quantitatives.
« Nous souhaitions également découvrir pourquoi des milliers de personnes aux États-Unis et au Canada meurent chaque année après avoir pris des analgésiques sur ordonnance, et pourquoi les taux de mortalité ont augmenté de façon constante au cours des deux dernières décennies, précise Nicholas King. Nous avons recensé des données probantes sur plus de 17 déterminants susceptibles d’expliquer cette hausse de la mortalité liée aux opioïdes, dont l’augmentation spectaculaire du nombre d’ordonnances d’opioïdes et des ventes de ces médicaments; l’utilisation accrue d’opioïdes puissants et à action prolongée, comme l’OxyContinMD et la méthadone; l’usage concomitant d’opioïdes et d’autres drogues (licites et illicites) et d’alcool; et, enfin, des facteurs sociodémographiques. »
« Nous avons trouvé peu de données probantes indiquant que les ventes de médicaments sur Internet et les erreurs commises par les médecins et les patients ‒ des facteurs souvent évoqués dans les médias ‒ jouaient un rôle significatif », ajoute le professeur King.
Les résultats de l’étude semblent indiquer l’existence d’une « épidémie » complexe où les médecins, les utilisateurs, le système de soins de santé et l’environnement social ont tous un rôle à jouer, affirment les chercheurs.
« Notre travail trace un portrait fidèle des facteurs susceptibles d’expliquer l’épidémie de surdoses d’opioïdes, et devrait permettre aux cliniciens et aux décideurs en Amérique du Nord de déterminer si des recherches plus poussées sont nécessaires et de définir les stratégies permettant de réduire les taux de mortalité, affirme Nicholas King. En outre, compte tenu des efforts déployés afin d’accroître l’accès aux opioïdes sur ordonnance à l’extérieur de l’Amérique du Nord, les résultats de notre étude pourraient faire en sorte que d’autres pays évitent d’emprunter la même voie que les États-Unis et le Canada. »
Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue scientifique American Journal of Public Health et peuvent être consultés à l’adresse suivante :http://ajph.aphapublications.org/doi/abs/10.2105/AJPH.2014.301966.
Toronto Sun (en anglais)
CTV News (en anglais)
Epoch Times (en anglais)
Le 19 juin 2014