Une équipe de chercheuses et chercheurs de l’IR-CUSM met actuellement au point des biomarqueurs fondés sur l’ADN, afin de mieux identifier les options de traitement s’offrant aux patients atteints d’un cancer de la prostate
Le cancer de la prostate est répandu, et cette forme de cancer représente environ 20 % des nouveaux cas de diagnostiqués chez les hommes canadiens en 2022. Il est difficile d’établir une distinction entre les tumeurs à croissance lente, comme les tumeurs indolentes, et les tumeurs plus agressives, constituant une forme de cancer potentiellement mortelle. Une équipe de chercheuses et de chercheurs de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) a entrepris de découvrir si des biomarqueurs fondés sur l’ADN pourraient fournir des renseignements additionnels aux outils existants quant au pronostic, dans le but de mieux personnaliser la sélection de traitements.
Dans un article publié récemment dans le British Journal of Cancer, une équipe dirigée par Jacques Lapointe, M.D., Ph. D., chercheur au sein du Programme de recherche sur le cancer à l’IR-CUSM, s’est penchée sur les classifieurs de l’altération du nombre de copies de l’ADN (CNA). L’évaluation exacte de ces biomarqueurs a le potentiel d’améliorer les résultats des patients atteints d’un cancer de la prostate présentant un risque faible ou intermédiaire, mais les méthodes d’évaluation actuelles sont peu conviviales et coûteuses. Dans cette nouvelle étude, l’équipe de chercheuses et de chercheurs a mis au point et validé un outil accessible qui a prédit avec succès la récurrence de la tumeur après le traitement.
À partir de 448 échantillons de tumeurs, provenant de patients traités par prostatectomie au Centre universitaire de santé McGill et au Kingston General Hospital, le Dr Lapointe et son équipe ont d’abord identifié 14 CNA à titre de biomarqueurs potentiels pour prédire la récurrence du cancer de la prostate.
« Nous avons évalué le classifieur de CNA au moyen d’un biotest peu coûteux à base de PCR, appelé analyse MLPA (abréviation de Multiplex Ligation-dependent Probe Amplification), explique Walead Ebrahimizadeh, Ph.D, premier auteur de l’étude et étudiant au doctorat dans le laboratoire du Dr Lapointe à l’époque où ces travaux ont été effectués. “Nous avons récemment mis au point et optimisé ce test, qui détecte les gains et les pertes dans certains gènes spécifiques pertinents quant au cancer de la prostate. »
L’analyse MLPA fournit une approche rapide, facile et efficace par rapport au coût pour l’évaluation dans de petites quantités d’ADN des CNA candidats. L’équipe a mis au point l’analyse MLPA afin de permettre l’évaluation des 14 CNA en même temps.
« Des travaux de recherche effectués antérieurement dans notre laboratoire ont laissé entendre qu’une combinaison de CNA contribuerait à une meilleure stratification des cas des patients atteints de cancer de la prostate, selon le risque de récurrence de la maladie qu’ils présentent, poursuit . Karl-Philippe Guérard, M. Sc., deuxième auteur de l’article et associé de recherche au laboratoire du Dr Lapointe. »
« Un aspect unique de notre étude a été que nous avons effectué un double-échantillonnage afin de saisir des CNA dans des zones tumorales de bas grade et de haut grade, ajoute Karl-Philippe Guérard. Cette façon de faire accroît la validité prédictive de nos travaux, en tenant compte de la variabilité au sein d’une seule tumeur. »
La performance de l’analyse MLPA a été confirmée grâce à l’utilisation de la méthodologie de la référence standard, soit l’hybridation in situ en fluorescence.
« Notre classifieur constitue une avancée pour la médecine personnalisée visant à traiter les cancers de la prostate qui présentent un risque faible ou intermédiaire, conclut le Dr Lapointe. Nous espérons intégrer à l’avenir les classifieurs de CNA à la pratique clinique courante. D’ici là, la prochaine étape à franchir est d’appliquer notre analyse MLPA aux biopsies à l’aiguille effectuées avant la chirurgie de la prostate et d’évaluer comment le classifieur peut potentiellement être utile dans la prise de décision quant au traitement à privilégier. »