Quand l’être aimé dit aimer notre nouvelle coupe de cheveux, dit-il la vérité ou est-ce sarcastique? La réponse n’est pas toujours évidente.
Particulièrement pour les hommes.
Ou pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, de la maladie de Parkinson, ou de troubles liés à la neurologie du développement, comme le trouble du spectre de l’autisme. Pour ceux qui présentent de tels problèmes, toute forme de langage non littéral, comme le sarcasme, les taquineries ou les « mensonges pieux », peut être source de confusion. Une nouvelle vidéothèque conçue par des chercheurs de l’Université McGill pourrait faciliter le diagnostic et les tests cliniques chez les personnes qui présentent de tels troubles.
Un « biais de vérité » sous-tend la plupart des interactions sociales
« Nous avons tendance à croire que les gens disent la vérité presque tout le temps », affirme Kathrin Rothermich, de l’École des sciences de la communication humaine de l’Université McGill, qui a récemment publié un article à ce sujet dans la revue scientifique PLoS ONE. « Le sarcasme et les mensonges pieux semblent aller à l’encontre de la compréhension fondamentale de ce qui « devrait » se produire au cours d’une conversation. C’est peut-être pourquoi ils sont si difficiles à reconnaître par certaines personnes. »
Histoires Connexes:
Kathrin Rothermich a consacré les deux dernières années à concevoir et à mettre à l’essai la vidéothèqueRelational Inference and Social Communication, en collaboration avec son collègue Marc Pell. Ces 926 vidéos mettent en vedette de courtes scènes écrites à l’avance, où quatre acteurs interagissent dans le cadre de divers types de relations (partenaires amoureux, amis, collègues ou patron/employés).
Dans chacune de ces scènes, on a demandé aux acteurs de communiquer une intention précise par la parole et les gestes : être sincère, raconter des mensonges pieux, faire preuve de sarcasme, ou taquiner l’autre. Kathrin Rothermich a ensuite mis ces vidéos à l’essai auprès d’un groupe de participants en santé afin de voir s’ils étaient en mesure de reconnaître les intentions des acteurs et d’obtenir leurs commentaires sur les signaux révélateurs dans le ton de voix et les expressions sur le visage qui les avaient aidés à comprendre ce qui se passait.
Le sarcasme est particulièrement difficile à reconnaître
Les participants ont généralement été en mesure de reconnaître les intentions des acteurs lorsque l’un d’entre eux en taquinait un autre, ou lorsqu’ils disaient la vérité. En revanche, ils ont eu plus de mal ‒ particulièrement les hommes ‒ à déceler le sarcasme. Ce n’est que lorsque le sarcasme était utilisé dans le cadre d’une relation entre amis que les participants parvenaient davantage à le reconnaître.
« Nous avons découvert qu’il était plus difficile pour les acteurs de jouer les scènes où on leur demandait de taquiner autrui, explique Kathrin Rothermich. Peut-être est-ce en raison du fait que les taquineries ne s’intègrent pas toujours facilement ou logiquement à une conversation. Certains acteurs exagéraient leur accent ou imitaient un accent lorsqu’ils taquinaient les autres, ce que d’autres chercheurs avaient aussi observé. »
Selon les chercheurs, cette vidéothèque pourrait se révéler utile pour la réalisation d’autres études sur la cognition sociale, les communications interpersonnelles et l’interprétation des intentions d’un interlocuteur, et ce, tant chez les adultes en santé qu’au sein de populations cliniques.
Pour lire la version intégrale de l’article « Introducing RISC: A new video inventory for Testing Social Perception », par Kathrin Rothermich et Marc Pell, publié dans PLoS ONE, visitez lehttp://journals.plos.org/plosone/search?q=rothermich&x=17&y=11
Cette étude a été financée par le Fonds de recherche en santé du Québec et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.
Le 27 novembre 2015