Les études démontrent les avantages directs du programme PRISM auprès des personnes sans abri et souffrant de maladies mentales

Pierre-Luc touchait le fond. Cet homme âgé de 35 ans qui vivait dans la rue et tentait de composer avec sa santé mentale était incapable de trouver un logement, de l’espoir ou une voie vers l’avenir.

« J’étais déboussolé. Je ne pouvais pas fonctionner comme il faut », se souvient-il. « Je ne trouvais pas l’aide dont j’avais besoin. »

Le Dr Vincent Laliberté s’entretient avec Pierre-Luc, qui participe au PRISM, dans une salle de consultation à la Mission Bon Accueil.
Le Dr Vincent Laliberté s’entretient avec Pierre-Luc, qui participe au PRISM, dans une salle de consultation à la Mission Bon Accueil.

Mais, Pierre-Luc a pu trouver de l’aide, grâce à une équipe du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal. Il a tiré parti d’un programme novateur, appelé PRISM, pour bénéficier du soutien d’une infirmière, d’une psychoéducatrice et d’un psychiatre pendant qu’il habitait à la Mission Bon Accueil à Montréal.

L’équipe de notre CIUSSS a aidé Pierre-Luc à se remettre sur pied et à trouver la voie vers un meilleur avenir. Aujourd’hui, il habite dans son propre logis, prend des médicaments pour sa santé mentale et a renoué avec les services de santé par le biais du CLSC de Côte-des-Neiges. Pierre-Luc a même réalisé son rêve de longue date de chanter et de télécharger ces pistes musicales en ligne.

« Ils m’ont aidé à rebâtir ma vie », dit-il en parlant de l’équipe du PRISM. « Sans ça, je serai encore dans la rue. »

La trajectoire de Pierre-Luc illustre l’incidence du PRISM (Projet réaffiliation itinérance santé mentale) sur la vie, un programme lancé en 2017 par l’Hôpital général juif en partenariat avec la Mission Bon Accueil à l’intention des personnes sans-abri et souffrant de problèmes de santé mentale.

L’infirmière Laure Coquatrix (à gauche) et la psychoéducatrice Lorrie Marcotte dans le dortoir du PRISM à la Mission Bon Accueil.
L’infirmière Laure Coquatrix (à gauche) et la psychoéducatrice Lorrie Marcotte dans le dortoir du PRISM à la Mission Bon Accueil.

Les avantages du programme sont maintenant confirmés par la recherche. En effet, une étudedirigée par le Dr Vincent Laliberté, un psychiatre affilié à l’HGJ et chef du programme PRISM, indique qu’une forte proportion de participants au programme finissent par être logés et à tirer parti des services de santé et communautaires.

Le PRISM, qui est actif dans trois refuges à Montréal, y compris la Mission Bon Accueil, a aidé des centaines d’hommes et de femmes depuis sa création, il y a dix ans. Sur les 579 usagers ayant participé à l’étude du Dr Laliberté, 63 pour cent ont été logés après avoir quitté un refuge du PRISM, soit 52 pour cent dans un logement permanent et 11 pour cent dans un lieu temporaire.

De plus, selon les résultats d’une recherche publiée dans le journal Psychiatric Services de l’American Psychiatric Association, 85 pour cent de ces personnes participaient à un service de soutien ambulatoire ou communautaire.

« L’impact qu’on a eu auprès de ces individus est vraiment exceptionnel. Les résultats sont très encourageants, » confirme le Dr Laliberté. Il explique que l’avantage principal du PRISM est de fournir les soins directement dans le lieu où le participant habite. La Mission Bon Accueil offre un dortoir de huit lits réservé à cette fin, des casiers individuels, trois repas par jour et un soutien constant de l’équipe du PRISM. Lors d’une journée froide de janvier, plusieurs participants du PRISM regardaient la télévision dans le salon, qui était bordé de tablettes remplies de livres de casse-têtes et de jeux de société.

« La vision du PRISM c’est d’installer les services où les gens en ont besoin », ajoute le Dr Laliberté. « Au lieu d’être à l’hôpital, qui est quand même une interruption pendant leur vie, le PRISM c’est dans la communauté. »

Tout aussi important, le PRISM offre aux participants la possibilité de faire une pause dans leur lutte quotidienne pour survivre dans la rue, et leur permet de penser à leur avenir. Pendant leur séjour, qui est habituellement d’une durée deux à trois mois, ils peuvent obtenir l’aide de la psychoéducatrice Lorrie Marcotte et de Jocelyn St-Gourdain, l’intervenant psychosocial de la Mission qui travaillent au refuge à temps plein ainsi que de celle du Dr Laliberté et de l’infirmière Laure Coquatrix, qui sont présents deux jours par semaine.

Le soutien pratique de Madame Marcotte peut signifier accompagner les participants à une bibliothèque, les aider à obtenir une carte d’assurance sociale ou à résoudre un problème juridique. Elle prend également des dispositions pour aider ces personnes à reprendre contact avec les services sociaux et de santé au sein de la communauté.

« Juste le fait d’être présents ça leur envoie le message qu’il y a quelqu’un sur qui ils peuvent compter, même dans des moments difficiles », souligne Madame Marcotte. « Ils n’ont pas eu ça beaucoup dans leur vie. Ils ont eu tellement de trauma dans le passé que c’est facile pour eux de se sentir abandonné. Ce que j’aime c’est qu’ils me permettent de les soutenir. C’est eux qui font tous les efforts, moi je vais juste les accompagner. »

L’équipe du PRISM laisse chaque participant avancer à son propre rythme et « redonne aux personnes une voix et un pouvoir d’agir sur leur vie », confirme Catherine Roberge, qui supervise l’équipe du PRISM de la Direction des programmes de santé mentale et dépendance.

« C’est inspirant de voir que malgré le stigma de la société envers des personnes en situation d’itinérance, nous avons une équipe qui croit en chaque personne qu’ils rencontrent, et voit leur potentiel de rétablissement », ajoute Madame Roberge, la cheffe d’Administration de programme, itinérance et dépendance de notre CIUSSS.

L’incidence de l’équipe est évidente lorsque nous voyons les personnes, comme Pierre-Luc, qui ont tiré profit de l’aide offerte. Dernièrement, un sourire illuminait le visage de Pierre-Luc pendant qu’il parlait avec le Dr Laliberté de la manière dont sa vie avait changé dans une salle de consultation à la Mission Bon Accueil.

« Ce qui m’est arrivé, ça peut inspirer n’importe qui », dit-il. « Ça montre qu’il y a toujours de l’espoir. Il faut juste avoir de l’aide, et être prêt à l’accepter. »