La vitamine B12 est essentielle à la santé humaine. Cependant, certaines personnes, à cause de troubles héréditaires, sont incapables d’absorber la  vitamine B12. Par conséquent, elles sont susceptibles de souffrir de graves problèmes de santé comme d’un retard du développement, de la psychose, de la démence, ou d’un accident vasculaire cérébral. Une équipe internationale vient de découvrir une nouvelle maladie génétique liée à une carence en vitamine B12 en identifiant un gène qui joue un rôle essentiel dans le transport de la vitamine B12 jusque dans les cellules de notre corps. Cette découverte va aider les médecins à diagnostiquer plus facilement et plus rapidement ce trouble génétique, et ouvre la voie à de nouveaux traitements. Les résultats de cette étude ont été publiés dans la  revue Nature Genetics.

« Nous avons découvert qu’une seconde protéine responsable du transport était impliquée dans l’absorption de la vitamine par les cellules, ce qui démontre l’existence d’une autre cause de la carence héréditaire en vitamine B12 », a déclaré le Dr David Rosenblatt, l’un des coauteurs de l’étude et aussi chercheur en génétique médicale et en génomique à l’Institut de recherche du CUSM (IR-CUSM), titulaire de la Chaire de génétique médicale Dr Dodd Q. Chu et famille, et directeur du Département de génétique humaine de l’Université McGill. “C’est aussi la première description de cette nouvelle maladie génétique associée au métabolisme de la vitamine B12 par notre corps. »

Ces résultats s’appuient sur les travaux effectués auparavant par la même équipe de chercheurs de l’IR-CUSM et de l’Université McGill, en collaboration avec leurs collègues suisses, allemands et américains. Dans leurs études initiales, les chercheurs ont découvert que la vitamine B12 pénètre dans nos cellules grâce à l’aide d’une protéine de transport spécifique. Dans cette étude, les mêmes chercheurs ont travaillé de manière indépendante avec deux patients présentant les symptômes du gène défectueux cblF (empêchant de métaboliser la vitamine B12) mais qui n’avaient pas d’anomalie sur ce gène en question.  Leurs travaux ont mené à la découverte de ABCD4, un nouveau gène associé au transport de la vitamine B12, qui est responsable d’une nouvelle maladie appelée l’acidurie méthylmalonique et de l’homocystinurie combinée de type cbIJ (cblJ-Hcy-MMA).

Ayant recours à la nouvelle génération des techniques de séquençage des gènes des patients, les scientifiques ont identifié deux mutations sur le même gène ABCD4 chez ces deux patients. « Nous avons également été capables de compenser la mutation génétique en ajoutant une protéine ABCD4 intacte aux cellules de ces patients, ce qui a permis à la vitamine d’être bien assimilée par ces dernières », explique le Dr Matthias Baumgartner, auteur principal de l’étude et professeur spécialisé dans les maladies métaboliques à l’hôpital pour enfants de l’Université de Zurich.

La vitamine B12, ou cobalamine, est essentielle au bon fonctionnement du système nerveux et joue un rôle essentiel dans la synthèse des globules rouges. Incapable de produire lui-même cette vitamine, le corps humain doit aller la chercher dans des aliments d’origine animale, comme les produits laitiers, les œufs, la viande rouge, le poulet, le poisson ainsi que les mollusques et les crustacés ─ ou dans les suppléments vitaminiques. Les légumes ne contiennent pas de vitamine B12.

« Cette découverte va permettre le diagnostic précoce de ce trouble génétique grave et nous laisse entrevoir de nouvelles possibilités de traitements. Elle aide également à comprendre le fonctionnement de la vitamine B12 dans l’organisme, même chez les personnes qui ne présentent pas ce trouble génétique », a poursuivi le Dr Rosenblatt, qui dirige l’un des deux seuls laboratoires au monde où sont envoyés les patients soupçonnés de présenter une incapacité d’origine génétique d’absorber la vitamine B12. Selon le Dr Rosenblatt, l’étude des patients atteints de maladies rares est essentielle à l’avancement de nos connaissances en matière de biologie humaine.

Financement

Ces travaux de recherche ont été financés par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), la Swiss National Science Foundation et la Deutsche Forschungsgemeinschaft.

Partenaires de recherche

Les coauteurs de l’étude sont David Coelho (coauteur principal), Terttu Suormala et Brian Fowler des hôpitaux universitaires pour enfants de Bâle et de Zurich, en Suisse; David Rosenblatt de l’Université McGill et l’IR-CUSM et son étudiant des cycles supérieurs, Jaeseung C. Kim (coauteur principal) de l’Université McGill, Isabelle R. Miousse, Stephen Fung, David Watkins, Eric A. Shoubridge de l’Université McGill; Jacek Majewski du Centre d’innovation Génome Québec et Université McGill; Patricie Burda, Michele Frapolli de l’hôpital universitaire pour enfants de Zurich, en Suisse; Martin Stucki et Matthias R. Baumgartner de l’hôpital universitaire pour enfants et de l’université de Zurich; Marcel du Moulin, Insa Buers, Frank Rutsch, de l’hôpital universitaire pour enfants de Münster, en Allemagne; Peter Nürnberg et Holger Thiele, de l’Université de Cologne, en Allemagne; Nicola Longo, de l’université de l’Utah, à Salt Lake City, aux États-Unis et des laboratoires ARUP, à Salt Lake City; Marzia Pasquali des laboratoires ARUP et de l’université de l’Utah, à Salt Lake City, Utah, aux États-Unis; Horst Robenek du Leibniz Institute for Arteriosclerosis Research, Université de Münster, en Allemagne; Wolfgang Höhne de Charité University Medicine, Berlin, en Allemagne; Eugen Mengel, de l’hôpital universitaire pour enfants, à Mayence, en Allemagne.

 

 

27 août 2012