Un chercheur de McGill met en lumière les différences sexuelles dans le mélanome

Par Marie Moucarry, Centre de recherche sur le cancer Goodman
Avec l’été qui approche et les restrictions dues à la COVID-19 qui s’allègent, nous sommes tous impatients de sortir pour profiter au maximum du soleil. Une nouvelle étude du Centre de recherche sur le cancer Goodman (CRCG) de l’Université McGill nous rappelle cependant pourquoi il faut faire preuve de prudence, en particulier chez les hommes. Cette année, on estime que sur les 8 000 Canadiens et Canadiennes qui recevront un diagnostic de mélanome, une forme grave de cancer de la peau, 4 400 seront des hommes, dont 870 qui en mourront. Les femmes seront moins nombreuses, avec une estimation de 3 600 cas diagnostiqués et 450 décès.

L’un des facteurs de risque les plus importants pour le mélanome est le rayonnement ultraviolet (UV), qu’il provienne du soleil ou des lampes de bronzage artificiel. En mettant en lumière des changements génétiques spécifiques causés par l’exposition aux UV, les progrès des techniques de séquençage de l’ADN ont donné aux chercheurs la possibilité de mieux comprendre les causes sous-jacentes des différences sexuelles dans le mélanome. Après avoir analysé des mutations génétiques dans plus d’un millier de cas de mélanome, les chercheurs ont pu apporter un éclairage nouveau sur ce mystérieux biais sexuel.

Dans cette étude dirigée par le professeur Ian Watson au CRCG et publiée dans Nature Cancer, les chercheurs ont identifié trois gènes avec des mutations particulières sur le chromosome X. Les femmes ont deux chromosomes X tandis que les hommes ont un chromosome X et un Y. « Sur les trois gènes significativement mutés que nous avons trouvés sur le chromosome X, un seul gène avait un type spécifique de mutation que l’on a trouvé uniquement chez les hommes », note le Pr Watson.

Les femmes peuvent développer d’autres types de mutations dans le gène en question, mais puisqu’elles ont deux chromosomes X, une des deux copies peut servir de sauvegarde si l’autre est mutée. Les hommes n’ayant qu’une copie du chromosome X, une seule mutation suffit pour complètement désactiver le gène.

« Ces mutations pourraient contribuer à expliquer pourquoi l’incidence du mélanome est plus élevée chez les hommes, et pourquoi leur taux de survie est plus faible », commente Rached Alkallas, doctorant à l’Université McGill et co-premier auteur de l’étude.

« Nous poursuivons nos recherches dans cette direction, notamment pour comprendre comment ces mutations affectent la biologie du mélanome et déterminer si elles ont une incidence sur la réponse à l’immunothérapie », explique Mathieu Lajoie, Ph. D., associé de recherche au laboratoire Watson et co-premier auteur de l’étude.

Un traitement personnalisé plus efficace à l’horizon

« L’immunothérapie a changé la vie de nombreux patients atteints de mélanome », explique le Pr Watson au sujet de cette forme de traitement qui réactive le système immunitaire d’un patient atteint de cancer pour se débarrasser des cellules cancéreuses. « Malheureusement, un grand nombre de patients ne répondent toujours pas à ce traitement et nous travaillons avec nos collaborateurs pour comprendre où se situent les problèmes afin de mieux les appréhender. »

En plus des différences entre les sexes sur le plan des taux d’incidence et de survie, des données commencent à émerger qui suggèrent qu’hommes et femmes pourraient également avoir des taux de réponse différents à l’immunothérapie. Le Pr Watson étudie si les différentes mutations qu’il a découvertes chez les hommes et les femmes pourraient aider à en expliquer la raison. L’approfondissement de nos connaissances sur la génétique des divers sous-types de mélanomes pourrait également fortement contribuer à développer des traitements personnalisés, permettant aux patients de recevoir les thérapies les plus susceptibles de soigner leur cancer spécifique.

L’importance de travailler ensemble

Le Pr Watson souligne le rôle important que l’ensemble de la communauté en santé a joué dans ses recherches, notamment les oncologues, les chirurgiens, les dermatopathologistes, les immunologistes et les chercheurs en sciences fondamentales.

« Sans la Fondation V et l’Institut de recherche Terry Fox, ma recherche n’aurait pas été possible », dit le professeur Watson, à propos du financement qu’il a reçu pour compléter ce travail. « Dans la recherche sur le cancer, on a besoin d’experts de divers domaines qui peuvent approfondir notre compréhension fondamentale du cancer, et tout cela nécessite des collaborations au Canada et à l’étranger. »

Bien qu’il reste encore de nombreuses inconnues, cette étude a considérablement amélioré notre compréhension de la façon dont l’exposition au rayonnement UV provoque des changements génétiques qui peuvent conduire au mélanome. Cette étude renforce également la nécessité de suivre les recommandations en matière d’exposition sécuritaire au soleil.

 
La publication peut être trouvée ici : https://www.nature.com/articles/s43018-020-0077-8
Personne-ressource :

Jason Clement, Gestionnaire des communications, Faculté de médecine,

Université McGill.

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 Le 23 juin 2020