En 2013, le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada a commencé l’élaboration d’un modèle canadien d’approche par compétences en formation médicale (APCFM), intitulé la Compétence par conception, pour ses programmes de spécialité. En 2017, les bureaux de la formation médicale postdoctorale (FMPD) des 17 facultés de médecine du Canada ont commencé à déployer la CPC. Les programmes de résidence en médecine de famille du Canada avaient pris les devants en commençant dès 2008 à mettre en place avec succès une approche similaire, le Cursus Triple C.

Jusqu’ici, 20 programmes de FMPD à McGill ont introduit la nouvelle approche, et le reste de nos programmes spécialisés du Collège royal passeront à l’APCFM au cours des prochaines années. Le nouveau modèle s’appuie sur l’excellence, le mentorat et l’accompagnement pour lesquels nos cliniciens-enseignants sont reconnus.

L’APCFM constitue un grand pas en avant en matière d’évaluation formative. Chaque programme de résidence a collaboré avec le Collège royal pour élaborer ses propres exigences de formation et d’évaluation, appelées activités professionnelles confiables, ou APC.  Chaque APC comprend des jalons fondés sur les compétences CanMEDS qui sont liés aux différentes étapes de la formation.  Les APC et les jalons tracent un plan d’apprentissage clair pour les résidents et procurent aux enseignants des objectifs précis aux fins de l’enseignement et de l’évaluation.

En APCFM, les cliniciens-enseignants observent les résidents directement, délibérément et fréquemment, et leur fournissent une rétroaction et un accompagnement. L’objectif est d’aider les résidents à acquérir les compétences nécessaires pour qu’on puisse leur confier chacune des APC. Les cliniciens-enseignants consignent leurs observations et leurs évaluations dans la plateforme électronique one45. Le comité de compétence examine ensuite les évaluations du résident pour déterminer s’il est prêt à passer à la prochaine étape de la formation. 

Dre Elizabeth Hazel, directrice du programme de résidence en rhumatologie, Université McGill

Deux directrices de programmes de résidence à l’Université McGill, la Dre Elizabeth Hazel (rhumatologie) et la Dre Catherine Weber (néphrologie), font part de leurs conseils et des leçons qu’elles ont tirées de la récente transition de leur programme vers l’APCFM.

1. QUESTION : L’enseignement changera-t-il de façon importante en APCFM?

Dre ELIZABETH HAZEL : Non, en fait, ce ne sera pas très différent. La nouvelle approche clarifie beaucoup les attentes tant pour le clinicien-enseignant que pour l’apprenant. Elle permettra aux cliniciens-enseignants d’évaluer plus facilement les habiletés des apprenants aux différentes étapes de leur formation. À l’heure actuelle, on voit une grande variabilité dans l’évaluation des résidents, mais avec l’approche par compétences, les attentes quant aux habiletés et aux compétences que les résidents doivent démontrer à chacune des quatre étapes de formation seront très claires. Le nouveau modèle guidera aussi les enseignants lorsque les apprenants ont des lacunes sur le plan des connaissances et emploiera des normes plus spécifiques pour l’évaluation.

2. QUESTION : Que répondez-vous à vos collègues qui se demandent pourquoi nous passons à l’APCFM?

Dre ELIZABETH HAZEL : Bien que le modèle traditionnel ait produit d’excellents médecins, je précise à mes collègues que l’approche par compétences implique d’évaluer plus fréquemment des habiletés spécifiques avec les activités professionnelles confiables, ce qui nous permettra de dépister plus tôt les domaines où l’apprenant a besoin d’un soutien additionnel. L’APCFM améliorera l’expérience de formation parce que nous pourrons donner à tous les résidents le soutien dont ils ont besoin pour réussir dans la profession médicale.

3. QUESTION : Comment avez-vous établi les activités professionnelles confiables (APC) de votre programme?

Dre ELIZABETH HAZEL : Notre première rencontre au Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada a eu lieu il y a deux ans. L’un des grands projets consistait à refaire le schéma du programme pour déterminer quels éléments de notre discipline étaient enseignés dans les différents stages des résidents. En APCFM, on se concentre sur les habiletés fondamentales avant les habiletés avancées. Nous avons donc révisé les calendriers de formation types pour que les résidents voient les cas appropriés au bon moment. Nous avons aussi ajouté des stages dits de « patron junior » qui sont axés sur des habiletés plus avancées, et nous avons fait correspondre les APC avec ces différentes expériences d’apprentissage qu’ils auraient.

4. QUESTION : Comment avez-vous aidé les professeurs de votre programme à se familiariser avec l’APCFM?

Dre CATHERINE WEBER : Ces dernières années, j’ai visité chaque site de formation tous les six mois pour rencontrer individuellement les professeurs, expliquer la nouvelle approche et les conseiller sur les différentes APC. De plus, depuis un an, avec le groupe de néphrologie pédiatrique, nous avons demandé à l’équipe pédagogique du Bureau de la FMPD de venir parler à nos résidents lors de demi-journées d’enseignement et à nos professeurs lors de deux conférences de néphrologie. Ces rencontres ont porté sur les évaluations, la rétroaction et les forces du programme en APCFM. La transition en juillet dernier s’est bien déroulée parce que nous nous y préparions depuis deux ans. Maintenant que nous utilisons la plateforme One45, nous allons organiser des formations sur ce sujet également.

5. QUESTION : Qu’avez-vous fait d’autre pour faciliter la transition vers l’APCFM?

Dre CATHERINE WEBER : Les programmes de néphrologie canadiens sont passés à l’APCFM l’an dernier, mais puisqu’aucun résident n’a été jumelé à notre programme l’an dernier, nous n’avons commencé qu’en juillet 2019. Nous avons utilisé cette année supplémentaire à bon escient. J’ai fait un prélancement des APC cette année pour permettre aux résidents et aux professeurs de notre programme de s’exercer. Essentiellement, j’ai dressé une liste abrégée des APC que les R5 devaient réaliser. Ils devaient demander une évaluation des APC en envoyant une requête électronique à un médecin superviseur par l’entremise du logiciel. À vrai dire, l’adhésion n’est pas généralisée, parce que ce n’est pas encore « réel » pour les R5 actuels, mais tout le monde fait de son mieux et constate les avantages du modèle. Le projet a été utile pour régler les problèmes potentiels. En fin de compte, le prélancement a profité aux résidents formés selon le modèle traditionnel parce qu’ils ont reçu plus de rétroaction formative.

6. QUESTION : Quels conseils donneriez-vous aux programmes qui passeront à l’APCFM au cours des prochaines années?

Dre CATHERINE WEBER : Pour rendre la charge de travail plus acceptable pour nos professeurs, j’ai réparti les APC en « domaines de spécialité en néphrologie ». Dans notre programme, il n’y a personne qui fait tout : certains sont spécialisés en transplantation, d’autres en hémodialyse, etc. J’ai demandé à chaque professeur de déterminer quelles APC il utiliserait le plus souvent et de se familiariser d’abord avec cette liste abrégée.

7. QUESTION : Qu’avez-vous fait d’autre pour réduire la charge de travail des cliniciens-enseignants?

Dre CATHERINE WEBER : Nous avons décidé que dans notre programme de résidence, nos professeurs auront à compléter environ une évaluation d’APC par semaine pour chaque résident du service. Pour la clinique longitudinale hebdomadaire, le médecin superviseur aura à compléter une évaluation d’APC par clinique. Bien sûr, une autre APC pourrait s’ajouter, selon les cas que voit le résident. Pour minimiser les redondances, j’ai beaucoup simplifié les formulaires d’évaluation de formation (ITER) que les professeurs devront continuer de remplir chaque mois. J’ai supprimé tous les points que nous couvrons déjà avec les APC, en laissant seulement l’évaluation globale des rôles CanMEDS. L’idée, c’est d’évaluer les compétences spécifiques au moyen des APC et de donner un portrait global des compétences du résident dans les formulaires ITER.

L’équipe pédagogique en FMPD a créé et réuni plusieurs ressources en APCFM qui peuvent être adaptées pour chaque programme. Elle a aussi créé une série de vidéos qui décrivent l’expérience et les conseils de différents acteurs des programmes qui sont passés à l’APCFM. Vous les trouverez dans la section CBME du site web du Bureau de la FMPD.

Si vous avez des questions avant ou pendant la transition de votre programme vers l’APCFM, n’hésitez pas à communiquer avec le Bureau de la FMPD à pg-education.med@mcgill.ca.

Le 1 novembre 2019