Une subvention des IRSC aidera une équipe de l’IR-CUSM à identifier les mécanismes génétiques qui entrent en jeu dans l’accouchement prématuré

 

De gauche à droite: Daniel Dufort et Lisa Starr, dans le laboratoire du professeur Dufort à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill – site Glen.

Source : CUSM

L’accouchement prématuré représente un problème majeur de santé publique. Chaque année, environ 15 millions de bébés naissent prématurément dans le monde et parmi eux, nombreux sont qui souffriront de complications neurodégénératives, incluant la paralysie cérébrale, des difficultés  d’apprentissage, des troubles visuels ou comportementaux.

L’accouchement prématuré (avant 37 semaines de grossesse) est induit par les contractions de la future mère, mais ses mécanismes demeurent encore flous. Cependant, les travaux d’une équipe de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) ouvrent de nouvelles perspectives dans la prévention de l’accouchement prématuré. Les chercheurs se sont penchés sur un gène appelé Nodal qui induit les contractions en régulant le système immunitaire et les facteurs inflammatoires qui y sont associés. Les résultats de leurs travaux ont fait l’objet de plusieurs publications dont une, parue récemment, dans la revue Journal of Perinatology.

« Actuellement, il n’y a aucun traitement qui existe pour prévenir l’accouchement prématuré. Maintenant que nous avons montré que le gène Nodal joue un rôle dans la régulation du déclenchement des contractions, ceci ouvre la voie à de nouvelles avenues thérapeutiques prometteuses pour prévenir les accouchements prématurés» , dit le chercheur principal, Daniel Dufort, scientifique et membre du Programme en santé de l’enfant et en développement humain à l’IR-CUSM ainsi que professeur agrégé aux départements d’obstétrique et de gynécologie de l’Université McGill.

Les chercheurs ont utilisé des données collectées entre 1999 et 2004 auprès de la cohorte Montreal Prematurity Study de 613 femmes (dont 424 avaient donné naissance à terme et 189 précocement) dans quatre hôpitaux de la grande région de MontréalIls ont analysé les associations entre les variations du gène Nodal et deux potentiels facteurs de risque de prématurité : la vaginose bactérienne (une infection vaginale fréquente) et l’inflammation du placenta.

« Nous avons commencé à faire des corrélations et nous avons découvert que les mères qui avaient une inflammation du placenta ou une infection vaginale, et qui présentaient des variations sur le gène Nodal, étaient à risque pour un accouchement prématuré », explique la première auteure, Lisa Starr, post doctorante dans le laboratoire du professeur Dufort au moment des recherches.

Interaction gène-environnement

Le professeur Dufort et son équipe ont commencé par étudier la fonction de Nodal chez la souris et ont découvert pour la première fois qu’en supprimant la fonction du gène, l’accouchement avait lieu deux jours avant le terme, chez les rongeurs.

« Durant la gestation, le système immunitaire doit être maintenu dans un état anti-inflammatoire. Or, juste avant que les contractions commencent, il y a un changement qui s’opère et le milieu passe de anti à pro-inflammatoire », explique le professeur Dufort.

« Nous avons découvert que le gène Nodal maintenait l’environnement de l’utérus dans un état anti-inflammatoire en empêchant les cellules du système immunitaire de secréter des facteurs inflammatoires. Si le gène Nodal est altéré ou supprimé, le milieu change, et devient pro-inflammatoire trop tôt, ce qui induit des contractions prématurément. »

Les chercheurs doivent approfondir leurs travaux afin d’identifier les mécanismes génétiques qui entrent en jeu dans l’accouchement prématuré chez l’humain.

« Nous sommes en train d’étendre nos conclusions à des cohortes plus larges de patientes à travers le Québec et l’Ontario », précise le professeur Dufort, qui vient de recevoir un financement sur 5 ans des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) pour poursuivre ses recherches.

À l’échelle mondiale, la prématurité est la première cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans. Au Canada, environ 30 000 bébés prématurés naissent chaque année.

À propos de l’étude

L’étude Evidence of a gene-environment interaction of NODAL variants and inflammation in preterm birth a été co-écrite par Lisa M Starr, Taghreed Heba et Daniel Dufort. DOI: 10.1038/s41372-018-0073-3

Les travaux de recherche ont été financés par l’organisme March of Dimes.

Hyperlien menant à l’étude : https://www.nature.com/articles/s41372-018-0073-3 

Hyperlien vers la subvention des IRSC

 

Couverture sur le sujet

Le Devoir | Découverte à McGill d’un gène qui prédisposerait aux accouchements prématurés

Le Journal de Montréal | Un gène pour prévenir les bébés prématurés

RCI Net | A key towards solving pre-term births

Neuf Mois | Un gène défectueux à l’origine des accouchements prématurés ?

 

Le 5 septembre 2018